Ernst Toch (1887-1964)

À la fin de sa vie, Ernst Toch (1887-1964) se plaignait amèrement d’être « le plus oublié des compositeurs du xxe siècle ». Il est vrai que l’exil que lui imposa dès 1933 l’arrivée du nazisme au pouvoir porta un coup d’arrêt à l’élan qui le portait depuis ses plus jeunes années. Autodidacte, cet autrichien fut en effet un compositeur prodige : à l’âge de 17 ans, son catalogue ne comptait pas moins de sept quatuors à cordes. S’il avait commencé des études d’harmonie et de contrepoint à l’Académie de musique de Vienne – notamment avec Robert Fuchs – dès 1902, la mort de son père l’obligea à quitter cette institution, faute de moyens pour financer ses études.

Ce n’est qu’en remportant en 1909, avec sa Symphonie de chambre, le prix Mozart pour jeunes compositeurs de la Ville de Francfort-sur-le-Main, consistant en une bourse pour étudier au conservatoire du docteur Hoch de cette ville, où il eut Paul Hindemith pour condisciple, qu’il put enfin recevoir une formation musicale complète.

Les années vingt consacrent en Toch l’un des compositeurs d’avant–garde les plus créatifs. Ses œuvres sont présentées dans les festivals de musique contemporaine au côté de celles de Schoenberg, Webern, Berg, Hindemith, Bártok ou Stravinski. En 1927, son opéra de chambre La Princesse et le petit pois est joué au Festival de Baden-Baden parallèlement au Mahagonny Songspiel de Weill, Hin und Zurück de Hindemith, et L’Enlèvement d’Europe de Milhaud. Ses œuvres sont dirigées par les baguettes prestigieuses d’Erich Kleiber, Otto Klemperer, Hermann Scherchen, Wilhelm Steinberg ou Wilhelm Furtwängler. Son Concerto pour piano est créé par Walter Gieseking, qui le jouera régulièrement dans ses concerts en Allemagne et dans les capitales européennes, pour l’évacuer de son répertoire dès l’arrivée des nazis au pouvoir.

Bien que totalement en phase avec son époque, le propos de Toch n’est pas de bouleverser les fondements de la musique occidentale comme Schoenberg et ses disciples le feront. Il n’en subira pas plus l’influence que celle de Gustav Mahler, ayant reçu sa formation musicale en Allemagne, ce qui fait de lui un compositeur autrichien totalement atypique, qui, dès le début des années vingt, comptera avec Hindemith – qu’il rejoint en 1922 au Festival de Donaueschingen – comme l’un des fondateurs de la Nouvelle Objectivité, forme allemande d’un néo-clacissisme se démarquant du post-romantisme mourant ou de la subjectivité expressionniste. Comme le signale Michael Haas, Toch est ainsi un « traditionnaliste moderne ».

Publications

(couverture de Sinfonie für Klavier and Orchester op. 61 – Musik für Orchester und eine Baritonstimme op.60)

Sinfonie für Klavier and Orchester op. 61 – Musik für Orchester und eine Baritonstimme op.60

(couverture de Die chinesische Flöte op.29 – Tanz-Suite op. 30)

Die chinesische Flöte op.29 – Tanz-Suite op. 30

Format bibliographique à copier

Toch, Ernst. Sinfonie für Klavier and Orchester op. 61 – Musik für Orchester und eine Baritonstimme op.60, Karusel Music International, 2014.
Toch, Ernst. Die chinesische Flöte op.29 – Tanz-Suite op. 30, Karusel Music International, 2013.