57 Variations sur un thème de Grétry

op. 102


(édition scientifique)

Cette édition des Cinquante-sept Variations sur un thème de Grétry se fonde sur la seule source existante, à savoir l’édition publiée par Zetter à Paris en 1824 sous le titre Étude de Piano ou 57 Variations sur un même thème suivies d’un Rondeau. Le thème concerné est essentiellement le même que celui d’un passage instrumental du deuxième acte de l’opéra d’André-Ernest-Modeste Grétry, Panurge dans l’isle des Lanternes, créé à l’Académie royale de musique à Paris le 25 janvier 1785.

Reicha fait référence à Grétry de manière élogieuse à plusieurs reprises dans ses écrits autobiographiques et dans ses traités. En 1814 déjà, il composait une cantate, Hommage à Grétry, contenant plusieurs thèmes tirés de ses opéras et dans le premier mouvement de laquelle le chœur chante « Las ! Il n’est plus… pleurons le chantre aimé des cieux… pleurons Grétry  ! » L’hypothèse, généralement acceptée de nos jours, que Reicha ait emprunté son thème à l’opéra Panurge dans l’isle des Lanternes est la raison pour laquelle son œuvre est souvent intitulée Variations sur un thème de Grétry, pratique que nous avons suivie pour la présente édition. Néanmoins, le nom de Grétry n’apparaît nulle part dans l’édition de 1824 et bien qu’il soit presque certain que Reicha connaissait Panurge dans l’isle des Lanternes, nous n’avons aucun document confirmant que cette œuvre était bien la source du thème des variations. Il n’est donc pas à exclure que les deux compositeurs ont emprunté une mélodie traditionnelle.

Dix années environ après ses Variations sur un thème de Gluck, Reicha renoue donc avec le genre de la variation pour piano, et ce n’est probablement pas un hasard s’il choisit d’écrire précisément 57 variations, un nombre qui, de manière évidente, fait référence à ses 57  Variations pour le Piano-Forte op. 57, dites L’Art de Varier, de 1804, œuvre monumentale décrite par Rainer Schmusch comme «  une sorte de traité composé  ». Il semble peu probable que ces diverses utilisations du numéro  57 soient le simple fruit du hasard. Nul doute donc qu’il y ait encore quelque chose à découvrir qui pourrait nous éclairer sur la personnalité de ce compositeur dont on sait qu’il était passionné de mathématiques.

Au thème principal de ces Variations sur un thème de Grétry, Reicha adjoint le titre «  Gavotte française  ». De même, le compositeur ajoute à plusieurs de ces variations un titre descriptif qui fait clairement référence au genre de la suite de danses baroques, telle que pratiquée notamment par François Couperin. Quelques-unes de ces variations ont en outre un sous-titre indiquant un mode d’articulation, tel que legato ou staccato, qui semble renvoyer au terme «  Étude  » contenu dans le titre original.

Bien que caractérisée comme une Étude de Piano dans l’édition originale de 1824, ces Cinquante-sept Variations sur un thème de Grétry n’ont pas le caractère pédagogique et didactique qui fait la richesse de L’Art de Varier. Il s’agit ici d’une démonstration plus que d’une leçon. La grande variété de styles et un recours souvent ingénieux à l’écriture en imitation place cette œuvre comme une continuation logique et évidente de l’op. 57 qui reste comme la référence du compositeur pour ce qui est du genre de la variation pour piano.

Michael Bulley

Panorama de presse

II existe plus de cent œuvres gravées de la composition de Reicha sans compter un grand nombre d’autres, encore manuscrites, et parmi lesquelles plusieurs sont pour l’art de la plus haute importance.

Hector Berlioz, Journal des débats, 3 juillet 1836

Extraits sonores

disque
Un enregistrement des 57 Variations sur un thème de Grétry, op. 102 d’Antoine Reicha par le pianiste Henrik Löwenmark est disponible sur le label Toccata Classics

Thème : Gavotte française

Variation 16

Variation 33

Variation 38 : Pastorale

Variation 54 : Le Désespoir

Variation 57 et Rondo

Nomenclature

piano