Clément Janequin (ca 1485-1558) a brillé trente ans au firmament de la musique vocale de la Renaissance : illustrant avec vivacité tous les genres de la chanson profane, il développe un usage spectaculaire de la polyphonie. Ses fameuses chansons descriptives, multipliant onomatopées et interjections, combinent les expériences rythmiques avec un contrepoint sophistiqué dont le réalisme saisissant semble nous donner à entendre la bande-son du xvie siècle, du « chant des oiseaux » au « caquet des femmes », en passant par le vacarme des batailles. Mais ce désir mimétique n’est pas isolé en son temps : sous des formes diverses, onomatopées et recherche sonore se retrouvent au même moment dans la littérature humaniste, la poésie et la musique de la Renaissance. Janequin s’approprie des traditions anciennes, met en musique les poètes contemporains (Marot, Ronsard, Baïf), et ses chansons stimulent à leur tour l’écriture d’un Rabelais, animé du même désir de libérer les potentialités de la voix et de trouver dans la matérialité du langage un moyen expressif nouveau.
Réunissant des travaux d’historiens, de musicologues et de littéraires, ce livre est le premier spécialement consacré à Janequin depuis 1948. En faisant le point des connaissances sur sa vie, son œuvre et son succès, il prend le parti original d’explorer les liens du musicien avec la poésie de son temps, et précise sa singularité dans l’expérimentation des potentialités expressives de la polyphonie.
Panorama de presse
C’est donc à une approche faite de nuances et de subtilités qu’invite cette étude collective qui souligne cet art singulier de Clément Janequin dans son époque, tout en le replaçant dans un contexte historique où la belle littérature (Marot, Ronsard, Saint-Gelais) côtoie les bruits de la ferme et des forêts.
Ce livre de 500 pages est littéralement gourmand. Cet adjectif n’est pas anodin si l’on est sensible à une mise en page aérée, salutaire pour ce type de publication. Il est certes à mettre dans les mains de tout musicologue, toute bibliothèque afin qu’il soit accessible au plus grand nombre, mais il me semble que si la rigueur est évidemment de mise, elle n’en reste pas moins accessible par ses accents pédagogiques à tout passionné de ce turbulent XVIe siècle. De l’aspect général à son maniement le plus brut, ce livre est une somme bienvenue qui peut ravir tant le musicien en quête d’interrogation que le philologue. Par la variété des sujets traités, l’abondance iconographique, nous avons ici une contribution de premier plan à l’étude de Janequin et une magnifique synthèse entre vivant et passé.
Frédéric Degroote, Agoravox.fr
Un ouvrage qui comble une lacune et ouvre d’infinies perspectives pour savourer musique et texte, avec des prolongements pédagogiques très riches. […] Un catalogue des œuvres aussi sûr qu’il est possible de l’établir complète cette remarquable publication.
Philippe Zwang, Historiens & Géographes
Ce livre donne surtout envie de se mettre ou de se remettre à la recherche des enregistrements de Janequin pour en savourer la richesse et l’originalité. S’il n’avait atteint que ce but, il en serait déjà indispensable.
Jean Lacroix, La Revue générale
Une contribution décisive à la connaissance de Janequin.
André Segond, Publications de l’opéra de Marseille
Sommaire
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Introduction p. 7-16
Olivier Halévy, Isabelle His, Jean Vignes
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Hommages et remerciements p. 17-18
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Abréviations bibliographiques p. 19-20
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Première partie. Une vie méconnue, une œuvre singulière p. 21-52
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Que sait-on de Clément Janequin ? p. 23-34
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La diffusion imprimée des chansons de Clément Janequin p. 35-52
Audrey Boucaut-Graille
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Deuxième partie. Réalisme sonore et musique verbale autour de Janequin p. 53-148
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Or sus ! Les chansons françaises descriptives au xive siècle p. 55-86
Isabelle Ragnard
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Les cris de Paris : naissance d’un genre littérire et musical ( xiiie – xive siècle) p. 87-116
Laurent Vissière
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De l’Actius (1499) au Jardin des Hespérides : les vertus imitatives du langage poétique selon Giovanni Pontano p. 117-130
Hélène Casanova-Robin
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Formes lyriques et représentations sonores chez Ronsard : odes, sonnets, chansons p. 131-148
Agnès Rees
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Troisième partie. Une révolution musicale p. 149-284
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Clément Janequin et l’essor du figuralisme p. 151-203
Annie Cœurdevey
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La musique religieuse de Clément Janequin sur texte français : la chanson au service de la foi ? p. 204-212
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L’invention de la « mêlée » en musique : du chant de bataille au chant de victoire p. 213-244
Isabelle His
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Plus ne suys ce que j’ay esté ou des transformations dans quelques chansons de Clément Janequin p. 245-268
Jacques Barbier
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Le corps chantant : Janequin et l’obscénité à la Renaissance p. 269-284
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Quatrième partie. La poésie en liberté p. 285-436
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Janequin, Marot, Rabelais et la musique verbale p. 287-316
Frank Dobbins
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Saint-Gelais mis en musique par Janequin p. 317-332
Claire Sicard
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La rencontre de Calliope et de Melpomène : sur la mise en musique des Amours (1552) de Ronsard par Clément Janequin p. 333-360
François Rouget
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Les chansons descriptives de Janequin : essai de lecture poétique p. 361-384
Jean Vignes
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Le Chant des oyseaux de Janequin : un coffre sémantique à plusieurs fonds p. 385-398
Philippe Caron
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Bertrand Berger : de la « poésie polyphonique » à la poésie sonore ? p. 399-420
Olivier Halévy
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Janequin chez Rabelais : l’onomatopée comme cas limite du réalisme musical et littéraire p. 421-436
Loris Petris
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Annexes p. 437-495
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Catalogue sommaire des œuvres de Clément Janequin imprimées au xvie siècle p. 437-465
Isabelle His
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Textes signés par Clément Janequin p. 466-469
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Clément Janequin dans la littérature française du xvie siècle p. 470-480
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Index des œuvres de Janequin p. 481-486
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Index des noms propres p. 487-495