Ces « collages » poétiques sont nés d’une liberté laissée, aux mots, de s’agencer en images, presque sans l’aval de la pensée. Je dis : presque ; dans ce domaine, quoi que tel ou tel prétende, un véritable abandon n’existe pas ; le jeu consiste à mettre l’expression en liberté surveillée ; la raison, en retrait, n’est plus un garde-chiourme, mais elle ne ferme l’œil qu’à moitié. Si elle laisse passer ce train interminable, cette allée meurtrie, cette chambre d’enfant, ce sablier, c’est qu’ils ne lui sont pas étrangers. Voilà pour les textes. En revanche, leur mise en musique ne veut rien accorder au hasard, à sa fantaisie brouillonne, à ses à-peu-près : je ne suis pas de ceux qui improvisent au vent venu, qui sèment leurs notes comme le Petit Poucet ses cailloux, dans l’espoir de (re)trouver un chemin. J’ai donc imposé, à des mots sauvageons, un peu de discipline ; et ce faisant, aussi étrange que cela puisse paraître, rencontré leur vérité. Voyelles et consonnes, quelquefois, parlent moins haut que croches et doubles croches, – et le « En sourdine » de Fauré dit plus de choses que celui de Verlaine…
Sommaire
- En voyage
- Fond de lune
- Raison de vivre
- Traversée de la pierre
- Secret de la chambre sosie