Le jeune émile Paladhile passe son enfance à Montpellier et, devant ses dispositions musicales exceptionnelles, décision est prise par sa famille de monter à Paris. L’enfant a alors 10 ans. Il entre au Conservatoire et, accompagné chaque jour par son père qui assiste aux leçons, reçoit l’enseignement de Marmontel (piano), Benoist (orgue) et Halévy (fugue, contrepoint, composition), professeur de Bizet, de Gounod – auquel le liera une profonde amitié – et de Saint-Saëns. Musicien aux dons éclatants, il étonne par sa virtuosité au piano alors qu’il est âgé d’à peine 15 ans et obtient, en 1860, à côté d’un prix d’orgue, le premier grand prix de Rome (avec sa cantate Ivan IV). Il n’a que 16 ans, c’est le plus jeune lauréat de toute l’histoire de ce prix prestigieux. De retour à Paris, il se tourne vers la scène lyrique et compose Le Passant (1869, avec Sarah Bernhardt), L’Amour africain (1875, d’après Mérimée), Diana (1885) et surtout son chef-d’œuvre Patrie (1886), qui connaîtra un énorme succès. Il entre à l’Académie des beaux-arts en 1892 et poursuit sa carrière de compositeur en abordant tous les genres musicaux. Il donne à la musique religieuse un autre chef-d’œuvre, l’oratorio Les Saintes Maries de la mer (1892), œuvre de vastes dimensions au grand raffinement tant instrumental que vocal, composée à l’instigation de l’évêque de Montpellier. Plusieurs autres grandes compositions sacrées suivront (Messe de saint François d’Assise, Messe pour la Pentecôte, Stabat mater), témoignant de la solidité de son métier et de la qualité de son inspiration. Il fait sans doute partie aujourd’hui des compositeurs français les plus injustement oubliés.