Les Échos du silence

texte de Sylvie Germain

Il faut envisager cette œuvre comme la scène d’un opéra où le protagoniste se parlerait à lui-même, devant son reflet dans un miroir. Ce peut être son propre prénom qu’il scande tout au long de l’œuvre car son double l’inter­pelle. À défaut, je suggère Ludka pour une femme et Ludwig pour un homme.

Cette courte œuvre, de caractère très intérieur, joue sur les divers niveaux de lecture du texte de Sylvie Germain qui peut être interprété selon les quatre sens de l’écriture : littéral, allégorique, moral et anagogique. Ce dernier sens est particulièrement souligné par la musique.

De nombreuses ressources expressives de la voix sont ici sollicitées : mélodique, parlé-chanté, parlé (déclamé, scandé…), détimbré, souffle…

Une mezzo peut interpréter l’œuvre en la transposant plus grave. Les crotales devront l’être aussi.

L’argument

Une femme (ou un homme) se tourne vers la fenêtre du compartiment du train dans lequel elle (il) effectue un voyage sans espoir de retour. Elle (il) croise dans la vitre le regard de son propre reflet. Ce regard est à la fois le sien et celui d’une femme (ou d’un homme) lui ressemblant étrangement, aperçu(e) quelques instants auparavant lors d’un arrêt dans une petite gare.

Dans ce regard, comme dans celui de l’inconnu(e), la même gravité un peu douloureuse, une égale expression d’attente, de patience. Elle (il) ne sait pas s’il s’agit d’elle (lui) ou de l’autre. Elle (il) ne se reconnaît pas dans la flagrance de sa propre image. Elle (il) avance la main vers la vitre et effleure du bout des doigts les lèvres closes de son reflet. Alors la bouche s’entrouvre et se met à lui parler d’une voix assourdie et ténue.

Bernard de Vienne

Nomenclature

soprano ou ténor solo