Der Kaiser von Atlantis est un opéra conçu durant la Seconde Guerre mondiale par Viktor Ullman, un compositeur juif élève d’Arnold Schoenberg, derrière les barbelés du camp de transit de Theresienstadt (Terezin) près de Prague. Dans ce camp de concentration, les nazis avaient rassemblé un nombre élevé de musiciens, permettant la création d’une vie musicale de très haute qualité. Vitrine « idéale » et savamment organisée, ce camp fut même l’objet d’un film de propagande censé défendre et illustrer le bon traitement de la population juive. Terezin fut le lieu d’une effervescence artistique véritablement phénoménale.
Même si elle est censée se dérouler dans une contrée légendaire, Der Kaiser von Atlantis est une fable qui se déroule dans un univers chaotique et qui doit être entendue dans son rapport avec l’actualité. Le livret de Petr Kien, autre déporté, ne cesse de faire des allusions aux événements du régime hitlérien sous l’apparence d’un conte de fée et du rêve.
Situé quelque part entre opéra à numéro et cabaret, Der Kaiser von Atlantis vise à l’essentiel. Une musique grinçante s’articule sur de nombreux récitatifs ; le style oscille entre Mahler et Weill en passant par la polyphonie et le jazz, soulignant avec fluidité un livret qui tient à la fois du conte philosophique, du pamphlet surréaliste et du théâtre de tréteaux. L’opéra utilise quelques citations, dont le sens ne pouvait échapper au public : le Deutschland über alles exposé en mode mineur quand le Tambour proclame les conquêtes sans fin de l’empereur, le thème du choral luthérien Ein feste Burg dans l’hymne final sous les mots Komm Tod, du unser werter Gast (Viens ô Mort, toi notre cher hôte) et le thème récurrent du Hallo, hallo du Haut-parleur est une citation de la Symphonie Asraël de Josek Suk faisant référence à l’Ange de la mort, et utilisée comme symbole par la résistance tchèque à l’envahisseur nazi.
L’œuvre fut longuement répétée au camp de concentration, avant d’être interdite avant sa création. Viktor Ullman et Petr Kien meurent dans la chambre à gaz d’Auschwitz le 18 octobre 1944.
Levitin Assaf, récitant
Pierre-Yves Pruvot, Kaiser Overall
Wassyl Slipak, Der Lautsprecher – Der Tod
John Bernard, Harlekin – Ein Soldat
Céline Laly, Bubikopf
Sylvia Vadimova, Der Trommler
Amaury du Closel, direction musicale
Ensemble Voix Étouffées
Extraits sonores
Panorama de presse
Au regard du peu d’enregistrements disponibles, cette nouvelle production n’en est que plus précieuse. Les interprètes jouent également le jeu sans forcer le trait et gardent cet esprit chambriste absolument nécessaire. Les voix et l’interprétation coulent avec naturel, l’équilibre avec la petite formation orchestrale est réussi.
Nicolas Mesnier-Nature, Resmusica.com
La présente version de L’Empereur d’Atlantis bénéficie d’une réelle cohésion, assurée par le travail de préparation en amont. Pas de stars, peut-être, mais des chanteurs qui ont appris à se connaître, qui ont interprété l’œuvre en public, et qui lui confèrent une vie que le studio permet rarement.
Laurent Bury, Forumopera.com
L’interprétation est soignée. […] L’ensemble orchestral mêle ici expressivité et couleurs sombres.
Jean-Pierre Robert, L’Éducation musicale