Harnischstriemen (Faltenachsen), pour cymbalum et ensemble s’inscrit à l’intérieur d’une célébration qui veut rendre hommage à partir de la figure de la révérence à l’endroit d’une reconnaissance. L’œuvre construite en sept mouvements, à partir d’un poème de Paul Celan, s’articule entièrement à partir de la double figure de l’empreinte et celle de l’emprunt (citation). La question géologique et cartographique s’y trouve centrale voire cardinale. Telle l’étude d’un sol et d’un terrain qui révèlent dans leurs archéologies et coordonnées, les traces d’une histoire qui se déplie jusque dans le terreau qui révélerait les rhizomes d’une filiation. Aussi, en retourne-t-il de ces traces que l’on retrouve à l’intérieur de soi à l’instar d’empreintes (comme forme de survivances) qui se seraient imprimées comme reconnaissance (le miroir) d’une trace qui fait signe d’un passage.
Ce concerto s’est construit à partir de citations qui s’articulent selon des transformations liées à la «tramaturgie» que tisse l’œuvre. La forme basée sur une suite de sept proportions, tire ses révérences selon des axes symbolisés. Dès lors c’est une musique dans laquelle remonte, à même sa matière, des figures de rhétoriques qui peuvent aussi revêtir le sens de l’emblème. Des traces provenues de certaines œuvres étudiées de Klaus Huber et de Heinz Holliger mais aussi avec une citation de Terrain de Brian Ferneyhough jusqu’à des éléments provenus du concerto n°23 K488 de Wofgang A. Mozart, servent de matière aux multiples développements qui s’entre-tissent.
Circonstanciellement, ce concerto célèbre en même temps deux anniversaires : respectivement, les 85 et 70 ans de Klaus Huber et Heinz Holliger dont la note si (H) se trouve, par conséquent, particulièrement pôlarisée.
HARNISCHSTRIEMEN, Faltenachsen,
Durchstich-punkte:
dein Gelände.
An beiden Polen
der Kluftrose, lesbar:
dein geächtetes Wort.
Nordwahr. Südhell.
Paul Celan, Atemwende, Suhrkamp Verlag (1967)
Stries du Miroir des failles, axes des plis,
points
d’intersection :
ton terrain.
Aux deux pôles
de la rosace, des clivage, lisibles :
ta parole proscrite.
Vraie de nord. Claire de sud.
(traduction de Jean-Pierre Lefebvre)
Stries de l’armure, axes des plis,
pointillé
de piqûres :
ton terrain
Aux deux pôles
de la Rose-faille, lisible :
ta parole reléguée.
Vraie de nord. Claire par sud.
(traduction de Jean Launay)
Extraits sonores
Un enregistrement sur disque compact de Harnischstriemen (Faltenachsen) est disponible sous le label Neos music.
Nomenclature
1 flûte (flûte en sol), 1 hautbois (cor anglais, hautbois d’amour), 1 clarinette basse en si bémol (cor de basset en fa, clarinette piccolo en mi bémol), 1 cor, 1 trompette, 1 piano et célesta, 1 percussionniste (vibraphone, cymbale cloutée et ride, tam-tam moyen ou grand, cloche plate — mi bémol 3 si possible, ou mi bémol 4 —, 2 galets, bâton de pluie — prévoir un drap comme sourdine éventuelle —, conga, 2 tom-tom, tom grave, grosse caisse si possible symphonique, 2 violons, 1 alto, 1 violoncelle, 1 contrebasse à 5 cordes