Musicien de talent et homme d’une grande modestie, Adrien Rougier reste présent dans le cœur de ceux qui l’ont connu et apprécié au cours de sa longue vie.
Adrien Rougier est né le 23 juin 1892 d’une famille de soyeux lyonnais. Comme d’autres musiciens, il apprend le piano, l’orgue et l’harmonie auprès d’Édouard Commette, alors organiste titulaire de la Primatiale Saint-Jean, ainsi que la composition et l’orchestration auprès de Jean Witkowski.
Il a vingt-deux ans lorsqu’éclate la guerre 1914-1918. Revenu du front, il travaille à la Schola Cantorum de Paris : l’orgue avec Abel Decaux, Maurice Sergent et Louis Vierne, la composition et la direction d’orchestre avec Vincent d’Indy.
C’est durant cette période qu’il écrit trois grandes œuvres : la Sonate pour violon et piano, le Nocturne pour violoncelle et piano, et les Trois mélodies sur des poèmes d’Albert Samain (« Le Petit Palémon », « Les Constellations », « La Maison du matin » – dont il a ensuite réalisé une version orchestrale).
En 1922, il est le lauréat d’un concours de composition organisé par la Société des Grands Concerts (dirigée par Jean et Georges Martin Witkowski), avec un poème symphonique intitulé Les Elfes ; celui-ci sera créé le 19 avril 1922 par l’Orchestre philharmonique.
À partir de 1923, Adrien Rougier fut nommé chef d’orchestre des Concerts symphoniques Hector Berlioz à Grenoble.
En 1928, il revient définitivement dans sa ville natale. Il fut organiste pendant quatre ans de l’orgue Abbey de Saint-Irénée, puis pendant douze ans, du grand-orgue Zeiger de l’église de Saint-Polycarpe sur les pentes de la Croix-Rousse.
En mars 1934 sont créées ses Trois Esquisses orchestrales pour l’Odyssée (« Ulysse », « Calypso », et « Les jeux chez les Phéaciens »).
À la même époque, il fonde avec Jean Bouvard, Marcel Péhu et l’abbé Boursier la Société des Amis de l’Orgue, qui fera venir à Lyon les organistes les plus réputés, entre autres : André Fleury, André Marchal, Maurice Duruflé, Pierre Cochereau, Gaston Litaize.
En 1944, il est nommé titulaire du nouvel orgue de l’église de Saint-Pothin ; la reconstruction de cet orgue Merklin, par le facteur Ruche, a été particulièrement suivie par Adrien Rougier, grand connaisseur de la facture d’orgue, comme le prouve l’ouvrage qu’il a écrit sur le sujet (Initiation à la facture d’orgue, publication des Amis de l’Orgue, Lyon 1940-1941).
Il fut l’inventeur du premier combinateur par cartes perforées, appelé « Acribès », véritable ancêtre du combinateur électronique. Il n’en subsiste que quelques rares exemplaires (comme celui de Saint-André de Tarare, en parfait état de marche).
En 1951, il écrit un livre important sur Jean-Sébastien Bach (385 pages dactylographiées), où l’œuvre d’orgue du Cantor est analysée, et en 1962, un ouvrage sur les orgues de Jean-Sébastien Bach (publié chez Roudil à Lyon).
Ses anciens élèves peuvent témoigner du grand savoir et de la compétence du professeur. En 1966, il succède à Marcel Paponaud comme professeur d’orgue au C.N.R. de Lyon, avant la nomination de Louis Robilliard.
« Avec patience, amour et rigueur, Adrien Rougier a tout au long de sa carrière, transmis le flambeau qu’il avait lui-même reçu des ses maîtres à la Schola, et contribué ainsi à perpétuer en France une “École d’orgue” qui passe à juste titre, pour être l’une des meilleures du monde. » (abbé Jean Blanchon, lors des funérailles d’Adrien Rougier le 5 juillet 1984).
Sans doute par pudeur naturelle – « un organiste qui joue du Bach tous les jours ne peut guère éprouver le besoin de composer… » (entretien à Radio-Lyon avec Maurice Jacob) – Adrien Rougier a peu écrit de musique ; outre les pièces précitées, il ne laisse pour son instrument de prédilection que six pièces, mais ses œuvres d’orgue témoignent de son grand métier, allié à la plus délicate des inspirations.
Élégie-Lamento, manuscrit en possession du dédicataire, M. Georges Aloy
Arabesque, manuscrit en possession de M. Daniel Pandolfo, organiste à Strasbourg
Interlude, manuscrit en possession de M. Daniel Pandolfo
Élévation, photocopie du manuscrit d’Adrien Rougier en possession de M. Georges Aloy
Choral et Variation, manuscrit en possession de M. Jean-Luc Salique
Toccata et Fugue, créée en 1965 à l’occasion de la remise de la médaille de Saint-Grégoire le Grand à Adrien Rougier, par le cardinal Renard ; manuscrit en possession de M. Antoine Rivoire, organiste de Chazelles-sur-Lyon
Allegretto, manuscrit en possession de M. Georges Rivollier, ancien organiste de la chapelle de l’hôpital Édouard Herriot
Extase-Communion, manuscrit en possession de M. Georges Rivollier
Lecture à vue, manuscrit en possession de M. Georges Rivollier
Georges Aloy, professeur d’harmonie et de contrepoint au Conservatoire national de région de Lyon