Parmi les vestiges de l’abbaye de Cluny, il reste une chapelle latérale gothique ornée, sur son pourtour, d’une quinzaine de chapiteaux figurant des personnages de l’Ancien Testament. À l’origine, ces chapiteaux supportaient les statues, entre autres, des douze Apôtres. Ceci dans le but évident d’établir un parallèle entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Ou, plus exactement, de considérer l’Ancien comme le support, la base sur laquelle s’établit le Nouveau.
C’est, ici, exactement le propos de cette Méditation sur la tour de Babel. Éclairer, par la superposition, deux textes traitant d’un même sujet, la langue, l’un étant la réponse à l’autre. Puis proposer l’ensemble comme un objet, support à la méditation. Mille niveaux de lecture, de rejets et d’imbrications étant rendus possibles.
Méditation sur la tour de Babel, à l’heure où l’on évoque le brassage des hommes, les mélanges de cultures et la question des identités.
Cette pièce pourrait aussi s’intituler Méditations sur le miracle de la Pentecôte.
Cette œuvre (commande d’État), composée en 1991 au G.M.V.L. et créée le 12 décembre 1991 dans le cadre du Festival 38e Rugissants (Grenoble) par le chœur de chambre de l’Orchestre de Lyon dirigé par Bernard Tétu, est dédiée à John Cage, en hommage à Roaratorio et Rioanji.
Méditation parce qu’il ne s’agit pas de raconter une histoire, une aventure, une punition, mais plutôt d’en vivre les conséquences, et s’interroger.
« La tour de Babel » est sans doute l’un des épisodes les plus célèbres de la Genèse, voire de la Bible. Célèbre à cause, entre autres, de tout ce que l’imaginaire a produit comme représentations de cette tour montant jusqu’au ciel. L’histoire de la peinture est jalonnée de tableaux « Tour de Babel », fascination de l’architecture, d’un ouvrage grandiose et impossible, d’un rêve toujours réel de puissance. Cependant, cette tour nous masque souvent le châtiment qui en découle, la division des hommes par la multiplication des langues.
Ici, le musicien s’arrête, laisse l’image de côté et se penche sur le sonore, sur la langue, et aussi sur la musique.
Méditation sur la tour de Babel n’est donc pas une cantate épique ou dramatique, mais bien un moment musical propre, une méditation sur l’idée de langages : langage parlé, langage chanté, langages musicaux, musiques. Une musique délibérément transparente, horizontale, sans intrigue, ni dénouement, parce que l’évènement a eu lieu, et il convient, maintenant, de le méditer.
La pièce met en musique deux textes superposés :
1. le chapitre 11 de la Genèse (Ancien Testament)
2. le chapitre 2 des Actes des Apôtres (Nouveau Testament)
Nomenclature
chœur mixte (16 à 24 voix) et bande