Jean Guillou (né à Angers en 1930) exprime sa créativité à travers les multiples facettes de son art. Comme interprète, il a su faire reculer considérablement les limites techniques du jeu instrumental à l’orgue. Pianiste également, il a ressuscité la Sonate pour piano de Julius Reubke, un élève de Liszt mort à 24 ans après avoir laissé deux chefs-d’œuvre : cette Sonate pour piano et la Sonate pour orgue, pièces que Jean Guillou fut le seul à avoir enregistrées et jouées conjointement en concert. Il a en outre inauguré en 2002, au Teatro olimpico de Vicenza et à l’opéra royal de Versailles, le piano-pédalier Borgato.
Comme compositeur, il a depuis ses jeunes années élaboré et développé un monde musical singulier, d’une éloquence dramatique puissamment individualisée. Il a ainsi découvert une nature nouvelle à la palette de l’orgue et cherché à faire vivre celui-ci en confrontation avec le piano (Colloques n° 2, 4, 5, 7), avec d’autres instruments (violon, violoncelle, flûte, clarinette, percussions, marimba, voix) ou même avec l’orchestre (sept concertos). Son univers se livre aussi à travers 3 symphonies, 2 concertos pour piano, un concerto pour trombone, de la musique vocale, de la musique de chambre (notamment le Trio pour violoncelles, le Quatuor pour hautbois et cordes, un trio pour percussions), des œuvres pour piano. Son œuvre est publiée par Schott Musik.
Comme improvisateur, il donne une nouvelles impulsion au genre par le biais d’une improvisation authentiquement créatrice, libérée des schémas du passé.
Concepteur d’une nouvelle pensée organologique, il a fait appliquer ses idées novatrices à travers la facture des orgues de l’Alpe d’Huez, du Chant d’Oiseau à Bruxelles, du conservatoire de Naples, de la Tonhalle de Zürich, de la salle de concert de Ténériffe et de l’église des Portugais à Rome. Son projet pour Ténériffe d’un orgue divisé en 8 buffets et 12 corps sonores, confère une dimension dramaturgique à l’instrument, jouable sur une console de 4 claviers, mais aussi, avec 8 autres claviers, par 9 organistes. Cette idée fut à l’origine de son œuvre La Révolte des orgues, jouée en première audition le 12 mai 2007 à Landsberg. Le développement ultime de ses conceptions aboutit à l’« orgue à structure variable », dont on trouvera la description dans son livre L’Orgue, Souvenir et Avenir, qui reparcourt toute l’histoire de l’instrument et expose ses idées sur la nature complexe de l’orgue auquel il veut insuffler une plus grande richesse poétique.
Écrivain, Jean Guillou a par ailleurs livré de nombreux textes sur la musique mais aussi des exégèses littéraires et des poèmes. Plusieurs de ses compositions exploitent ses propres textes : Alice au pays de l’orgue pour orgue et récitant, Aube pour 12 voix et orgue, le Poème de la Main pour soprano et piano, Écho pour chœur et ensemble instrumental.
Pédagogue, il a enseigné de 1970 à 2005 au Meisterkursus de Zürich, aux côtés de Geza Anda, Nathan Milstein, Gregor Piatigorsky, Vladimir Spivakov, guidant ainsi plus de 300 jeunes artistes de tous pays.
Universal réédite en 2009 l’intégralité (13 disques compacts) de ses enregistrements réalisés dans les années 1960-1970. Il a aussi publié pour le label Philips 7 disques compacts de ses compositions pour orgue, divers instruments et voix, une intégrale Bach, un disque compact sur le double piano Borgato, un enregistrement Mozart, et 3 récents disques compacts enregistrés au conservatoire de Naples. D’autres labels (Dorian, Festivo, Pierre Vérany, Carrara, Augure) éditent ses autres enregistrements.
Un livre d’entretiens, réalisé par Jörg Abbing et enrichi de nombreux textes, a été édité en Allemagne (Jean Guillou, Colloques , Dr. J. Butz Musikverlag, 2006). Son œuvre fait l’objet de plusieurs thèses, par Jean-Philippe Hodant (Rhétorique et dramaturgie musicale dans l’œuvre de Jean Guillou), Thomas Dahl (sur l’œuvre concertante), Giampaolo Di Rosa (sur l’art de la registration et son rôle structurel), ainsi que de travaux d’analyse par Sylviane Falcinelli.
Publications
Format bibliographique à copier
Guillou, Jean. L’Orgue, souvenir et avenir, Symétrie, 2010, 306 p.Guillou, Jean. « La Digitale – Blason des doigts », L’Orgue, n° 281 (2008/I) : « Jean Guillou (L’Orgue n° 281 (2008/I)) », Association des Amis de l’orgue, p. 5-8.
Guillou, Jean. « Pour une anatomie de l’improvisateur », L’Orgue, n° 263 (2003/III) : « Regards sur l’improvisation en France hier et aujourd’hui (première partie) (L’Orgue n° 263 (2003/III)) », Association des Amis de l’orgue, p. 43-46.
Alain, Marie-Claire & Blanc, Frédéric & Chaisemartin, Suzanne & Cogen, Pierre & Lesur, Daniel & Désarbre, Hervé & Dufour, Jean & Duruflé, Marie-Madeleine & Falcinelli, Rolande & Girod-Parrot, Marie-Louise & Guillou, Jean & Imbert, Jean-Paul & Kalck, Général Louis & Langlais, Marie-Louise & Lechat, Jacques & Lemanissier, François & Millioud, Jean-Pierre & Morisset-Balier, Marie-André. « Hommages réunis par Frédéric Blanc », L’Orgue, Cahiers et mémoires, n° 55 (1996/I) : « André Fleury (1903-1995) (L’Orgue, Cahiers et mémoires n° 55 (1996/I)) », Association des Amis de l’orgue, p. 73-95.
Bouchaux, Guy & Cau, Jean & Lesur, Daniel & Decavèle, Jean-Pierre & Dufourcq, Norbert & Duruflé, Maurice & Dutilleux, Henri & Fleury, André & Fouquet, Paul & Gallois-Montbrun, Raymond & Gavoty, Bernard & Girod-Parrot, Marie-Louise & Guillou, Jean & Jeandin, Richard-Anthelme & Lambiotte, Freddy & de Larminat, François & de Lanversin, Bernard & Lefebvre, Philippe & Le Roux, Maurice & Litaize, Gaston & Luy, André & Mattioli, René & Milhères, Jean & Milhères, Michel & Moerlen, Maurice & Nardin, Paul & Ourgandjian, Raffi & Robert, Christian & Roth, Daniel & Simon, Jacques. « II. Hommages », L’Orgue, Cahiers et mémoires, n° 36 (1986/II) : « Jean-Jacques Grunenwald (L’Orgue, Cahiers et mémoires n° 36 (1986/II)) », Association des Amis de l’orgue, p. 11-28.
. « Orgues nouvelles n° 25 (Été 2014) (Orgues nouvelles 7e année, été 2014) », Orgues nouvelles, 7e année, été 2014, ArtimediA, 52 pages.