Michel Fano

Né à Paris en 1929, Michel Fano poursuit des études musicales classiques au Conservatoire de Paris où il est l’élève d’Olivier Messiaen et l’ami de Pierre Boulez.

Il se fait connaître comme compositeur et théoricien et écrit une Sonate pour deux pianos (1952) et une Étude pour quinze instruments, deux pièces sérielles d’une rare complexité dont l’écriture reflète les préoccupations des compositeurs à cette époque. Au début des années 50, l’avant-garde musicale rencontre un public désorienté, voire hostile : Michel Fano est de ceux qui se battent alors pour de nouvelles formes d’écoute, propos qu’il développe personnellement dans des textes comme Aspects de la musique contemporaines.

En 1953, il réussira à faire de son Wozzeck ou le Nouvel Opéra, écrit avec le poète Pierre Jean Jouve, un livre de référence, emblématique d’une époque, mais aussi « art poétique » de ses futures inventions dans le domaine du son au cinéma.
À la fin des années 50, Michel Fano coproduit Hiroshima mon amour (1959), L’Année dernière à Marienbad (1961), tous deux réalisés par Alain Resnais, puis L’Immortelle (1963), première réalisation d’Alain Robbe-Grillet. Cette rencontre marque le début d’une longue collaboration entre le compositeur et l’écrivain phare du Nouveau Roman. Michel Fano écrira la partition sonore de la plupart de ses films dont Trans-Europ-Express (1966), L’Homme qui ment (1968), L’Eden et après (1970), Glissements progressifs du plaisir (1974)…

Sa collaboration avec Alain Robbe-Grillet, lui permet de mettre au point et d’appliquer sa conception du sonore au cinéma, donc de tout ce qui est audible dans un film. Rejoignant par là son idée de développer de nouvelles formes d’écoute, l’union des sons instrumentaux, de la voix, et du son naturaliste ne formant plus qu’un seul ensemble sonore indissociable, Michel Fano amène le spectateur à s’interroger sur l’action du sonore sur l’ensemble du phénomène filmique, images et récit.

Dans ses films animaliers, Le Territoire des autres (1970) qu’il coréalise avec Gérard Vienne et François Bel et La Griffe et la dent (1976), de Vienne et Bel, l’idée de continuum sonore permet d’explorer d’autres relations, en l’absence de toute parole.
En s’appuyant sur son savoir-faire de musicien, Michel Fano mène une carrière d’ingénieur et de monteur son au cinéma. Puis, il crée son propre studio, Aura Films, où il peut expérimenter de nouvelles techniques sonores sans contraintes.
Michel Fano réalise également plusieurs films ayant la musique pour objet et notamment une série pour la télévision : « Introduction à la musique contemporaine » (sept heures d’émissions pour Antenne 2).
Enseignant, il va dispenser pendant près d’un demi-siècle des cours et conférences sur l’esthétique sonore aux étudiants de cinéma. À la demande de Jack Gajos, fondateur de la Fémis, il crée et dirige pendant sept ans le département Son de cette célèbre école de cinéma parisienne.

Plus récemment, Michel Fano travaille à deux projets. Le premier utilise les possibilités offertes par le multimédia (DVD, Cédérom) en matière de création d’œuvres audiovisuelles dans une perspective de co-création avec l’utilisateur. Dans le second, il retourne vers la musique contemporaine de ses débuts, en écrivant une nouvelle œuvre musicale de neuf pièces pour soprano, ensemble instrumental et électronique Fab dont les pièces « Fab V » et « Fab IV » ont déjà été jouées en public à Cannes et à Grenoble.

Publications

auteur de

  1. chapitre « Messiaen et l’opéra », p. 63-81.
(couverture de Olivier Messiaen)

Olivier Messiaen

le livre du centenaire
et (coordination)

Format bibliographique à copier

Fano, Michel. « Messiaen et l’opéra », Olivier Messiaen, le livre du centenaire, coordination de Anik Lesure-Devriès (1938-2021) et Claude Samuel, Symétrie, 2008, p. 63-81.