Reynaldo Hahn est l’auteur d’une œuvre considérable et variée qui embrasse tous les genres, mais dans laquelle la musique vocale domine, principalement dans la mélodie pour voix et piano et le théâtre lyrique. Inscrite entre deux siècles, son inspiration prolonge le lyrisme sentimental de Massenet et le classicisme romantisé de Saint-Saëns, réalisant une synthèse entre ces deux esthétiques sans se soucier de s’inscrire dans une perspective progressiste de l’art. Mélodiste reconnu dès ses premiers essais, comme le cycle Chansons grises (1893) sur des poèmes de Verlaine, et considéré comme le digne successeur d’André Messager dans le domaine de l’opérette, suite au succès de Ciboulette (1923), Hahn fut régulièrement sollicité par le milieu théâtral pour écrire des musiques de scène, notamment pour Sarah Bernhardt et Sacha Guitry. Proche des écrivains par sa sensibilité littéraire (Alphonse Daudet, Edmond de Goncourt, Pierre Loti, Marcel Proust), il fut aussi un critique musical influent et un conférencier réputé, ainsi qu’un interprète incomparable, comme chanteur de salon apte à aviver un texte et comme chef d’orchestre se vouant à la défense de la musique française, de Lully à Gounod, et du répertoire mozartien.