Fantaisie sur un thème de Frescobaldi


(édition scientifique)

Cette édition de l’œuvre intitulée Fantaisie sur un thème de Frescobaldi, composée probablement autour de 1800, se fonde sur la seule source existante, à savoir le manuscrit Ms 12062 de la Bibliothèque nationale de France.

La musique de Girolamo Frescobaldi (1583-1643) avait déjà été empruntée par de nombreux compositeurs, le dernier avant Reicha étant Johann Sebastian Bach. Malgré la renommée du compositeur italien, Reicha trouve nécessaire de rappeler dans sa préface à quel point Frescobaldi était un compositeur célèbre en son temps. Cette Fantaisie se fonde sur le thème du Ricercar decimo sopra la, fa, sol, la, re composé par Frescobaldi en 1615. Reicha décrit cette œuvre comme « une fugue très ingénieuse » et, soulignant la particularité de traitement du motif principal continuellement répété à la partie supérieure, se demande comment une telle idée pourrait être exploitée dans de la musique dramatique. Reicha utilisera à nouveau un thème de Frescobaldi dans la quatorzième des 36 Fugues publiées en 1805.

Cette fantaisie se caractérise par une certaine ambiguïté tonale ainsi que des contrastes frappants de tonalités qui ne sont pas sans rappeler certaines des 36 Fugues (notamment la vingtième) ou encore des pièces du Practische Beispiele [Exemples pratiques], contemporaines de la fantaisie, tel Capriccio. Elle commence par une succession de cinq accords parfaits faisant entendre le thème de Frescobaldi (la-fa-sol-la-ré) et installant la tonalité de si bémol majeur. Ce thème est réitéré tout au long de la pièce dans plusieurs tonalités diffé­rentes. L’apogée du morceau arrive à la mesure 120 avec un nouveau motif, suivant un long passage transitionnel de dix mesures en doubles croches continues. Cette nouvelle idée cède à un motif en tierces, accompagné d’échos fragmentaires d’un thème antérieur. La coda (les dix dernières mesures), à jouer pp et caressant momentanément la tonalité de do bémol majeur, donne une conclusion en mi bémol majeur très satisfaisante à cette œuvre aussi « ingénieuse » que son modèle.

Les indications fz dans la source aux mesures 27 à 31 et 85 à 106 ont été remplacées dans la présente édition par des fp avec accent, car il nous semble que l’intention du compositeur est bien que chaque crescendo commence avec la nuance p, l’interprète restant bien entendu libre de penser à d’autres possibilités. Signalons par ailleurs l’indication « gravez les queues des noires par en haut » à la mesure 160 dans le manuscrit. Cette précision, qui relève strictement de la forme, laisse supposer que Reicha avait le projet que sa pièce soit éditée. Nous n’avons, malgré nos recherches, trouvé aucune édition de cette pièce.

Michael Bulley

Panorama de presse

Là aussi Reicha est un novateur : il anticipe les fantaisies romantiques et s’intéresse à un compositeur alors totalement oublié.

Alain Pâris, La Lettre du musicien

Cette œuvre fort originale mérite d’être connue, ainsi que son auteur qui ne doit pas rester un nom dans l’histoire de la musique mais retrouver la place qu’il mérite parmi les compositeurs du début du XIXe siècle.

Daniel Blackstone, L’Éducation musicale

II existe plus de cent œuvres gravées de la composition de Reicha sans compter un grand nombre d’autres, encore manuscrites, et parmi lesquelles plusieurs sont pour l’art de la plus haute importance.

Hector Berlioz, Journal des débats, 3 juillet 1836

Extraits sonores

disque
Un enregistrement de la Fantaisie sur un thème de Frescobaldi d’Antoine Reicha par le pianiste Henrik Löwenmark est disponible sur le label Toccata Classics

Fantaisie sur un thème de Frescobaldi

Nomenclature

piano