Cette édition de l’œuvre intitulée Capriccio, composée autour de 1800, se fonde sur les manuscrits Ms 12077 et 2496 de la Bibliothèque nationale de France. Le second manuscrit correspond en fait à un recueil intitulé Practische Beispiele [Exemples pratiques] et composé de 24 morceaux pour piano avec texte explicatif. Capriccio en est le no 7.
Cette œuvre fut écrite à une période où Reicha expérimentait de nouvelles idées de composition. Dans Practische Beispiele, on trouve par exemple une fantaisie qui n’utilise que les trois notes de l’accord parfait de mi majeur, ainsi que deux morceaux, les nos 6 et 12, dans lesquels douze des touches noires doivent être accordées un demi-ton plus bas afin de permettre la répétition rapide d’une même note ou de faire des superpositions de notes identiques. Dans le no 12, la portée inférieure est écrite en fa majeur et la portée supérieure, contenant les notes modifiées, a une armature de cinq dièses, suggérant si majeur ou sol dièse mineur, mais produisant seulement, en réalité, les notes de la gamme de do majeur.
Capriccio fait partie de ces expériences. On note en particulier, ce qui est peu habituel pour l’époque, les changements fréquents de métrique avec l’alternance de mesures paires et impaires (3/4 à 4/4), que Reicha nous invite à envisager aussi bien comme une seule mesure composée que comme deux mesures consécutives. On retrouve ce type d’enchaînements dans le no 3 des Practische Beispiele, appelé Mesure composée, où toutes les mesures sont à 5/8, composées de 3/8 + 2/8.
Capriccio est par ailleurs marqué par une écriture harmonique particulièrement audacieuse ayant fréquement recours à des modulations qui mènent à des résolutions dans des tonalités éloignées. Reicha précise son intention dans son commentaire sur l’œuvre : « La cadence à la dominante, et invariablement à la dominante, est déjà si usée que l’on peut presque toujours deviner à l’avance le chemin qui mène à elle. » Et à propos de la première cadence du morceau, concluant en fa dièse majeur un passage commencé en ré mineur, Reicha précise : « Cette tournure est singulière, mais pas contre-nature. »
Panorama de presse
II existe plus de cent œuvres gravées de la composition de Reicha sans compter un grand nombre d’autres, encore manuscrites, et parmi lesquelles plusieurs sont pour l’art de la plus haute importance.
Hector Berlioz, Journal des débats, 3 juillet 1836
Extraits sonores
Un enregistrement de Capriccio d’Antoine Reicha par le pianiste Ivan Ilić est disponible sur le label Chandos
Nomenclature
piano