Quels ont été les musiciens français les plus proches de Chopin à Paris au fil des ans ? Leurs liens renvoient un regard vivant sur l’artiste et sa personnalité autant que sur sa position dans la capitale.
Pleyel, l’inventif facteur des pianos préférés, et Franchomme, le violoncelliste qui chante comme personne sur son instrument, partenaire chambriste et collaborateur idéal, sont les intimes de la première heure et jusqu’à la dernière. Au moment où George Sand entre dans la vie de Chopin (1838), Delacroix esquisse leur double portrait (inachevé), symbole de la musique, de l’amour et de l’amitié qui les réunit. Dans la décennie suivante le couple s’installe au cœur du quartier de « La Nouvelle Athènes », square d’Orléans, véritable ruche d’artistes. En alternance estivale, George Sand accueille proches et amis dans son domaine de Nohant, havre de création pour le compositeur.
Pauline Viardot, vingt ans à peine, inspire Consuelo à la romancière et charme par l’étendue de son répertoire qui va du bel canto baroque et de Mozart adoré au grand opéra romantique. Le solitaire Alkan, pianiste de haut vol et compositeur empreint de génie, s’attache à Chopin (ils partagent le culte de Johann Sebastian Bach) et, en compagnie de Delacroix, contribue à adoucir la souffrance des dernières années. Les entretiens esthétiques du peintre et de Chopin autour d’œuvres aimées (Mozart toujours ; Rossini ; Beethoven parfois) ou de musiciens peu prisés (Berlioz, Meyerbeer, Verdi) s’étendent sur dix grandes années, fruits d’une des plus nobles amitiés dans l’histoire des arts.
Parmi les musiciens étrangers établis à Paris Liszt, Ferdinand Hiller et Bellini ont compté pour le maître polonais jusque vers le milieu des années 1830. Mais ceci est une autre histoire.