Le navire aux voiles mauves – Une autre Odyssée op. 40

Action dramatique en deux tableaux et seize scènes sur des textes originaux de Gilbert Lascault

Commande de la M.P.A.A., Ville de Paris, 2010

Le Navire aux voiles mauves représente une autre Odyssée, un autre Retour d’Ulysse… Durant les deux « tableaux » de cette « action musicale », les matelots voyagent à travers des îlots, réels (La falaise de Sappho), fantasmatiques (Les roches errantes) ou mythiques (L’île de l’Enchanteresse). Relativement éloignée du récit homérique, leur épopée se heurte néanmoins à divers écueils et troublants volcans dont les images rappellent parfois les Enfers où s’aventurait Ulysse.

Parmi les personnages, le baryton, probable capitaine à la proue de son embarcation, deviendra Ulysse lui-même face au chant des Sirènes, le mezzo incarnera aussi bien le Guetteur que la redoutable Circé, et sous les traits d’une adolescente, on devinera ceux d’une Sappho que j’ai tenté de rendre sensible avant son plongeon dans l’océan des métamorphoses.

Mais au-delà de ces visages épiques, c’est la voix elle-même qui se fait véritable personnage, ici et maintenant, multicolore et dont les intonations, murmures ou cris se jouent des allitérations, pulvérisent les mots de Gilbert Lascault. Dans le miroir de ces voix, un « chœur virtuel » reflète d’autres espaces, d’autres temps grâce à Amandine Trenc (soprano colorature) et à Camille (chanteuse), toutes deux embarquées dans des tourbillons électroniques.

Disposé de façon concentrique, le chœur prend des allures rituelles comme dans certaines danses archaïques, éclairant ainsi l’aspect initiatique de l’œuvre. Au centre du plateau, une grosse caisse dessinera tantôt la silhouette rougeoyante de quelque cratère volcanique, tantôt le chaudron où se mijotent les destinées dont les saveurs dépendent de nos grains de sel personnels et de nos sauces collectives, quand tout est encore imaginable et que « point l’Aurore aux doigts de rose », comme le répète inlassablement Homère. Pour les acteurs et pour les spectateurs qui partageront cette fable…

Nomenclature

deux solistes (mezzo-soprano, baryton), chœur à voix égales, ensemble instrumental (fl., cl., cor, perc., piano, alto, vlc.) et sons fixés