Libera me

Le Libera me pour chœur mixte fut écrit en 2006 à la demande du chef de chœur Lionel Sow, dédicataire de l’œuvre. Quelques années auparavant, j’avais été profondément touché par les merveilleux Sonnets de la Gélodacrye du méconnu Jacques Grévin. Ce médecin poète, ami de Ronsard, s’est ensuite éloigné de lui en affichant ses convictions protestantes et dut quitter la France pour l’Angleterre puis la cour de Savoie, où il devint médecin de la fille de François Ier.

Ayant trouvé chez Grévin une écriture certes proche du style de la Pléiade, mais aussi marquée par des accents religieux tout à fait singuliers (comme dans le sonnet « Délivre-moi, Seigneur, de cette mer profonde où je vogue incertain »), j’ai voulu, sur ce texte profane à consonances sacrées, écrire une œuvre dans laquelle l’incipit grégorien Libera me, Domine, de morte æterna entrerait en « résonance naturelle » avec lui sur les plans musical, littéraire et dramatique.

Sans renier – loin de là – des éléments de langage personnels, j’ai essayé dans ce Libera me de me plonger dans l’atmosphère si singulière des œuvres de certains musiciens français de la Renaissance (comme Paschal de l’Estocart et ses splendides Octonaires de la vanité du monde) et d’orienter plus particulièrement mon travail autour d’un « contrepoint enluminant le texte ».

Benoît Menut