Ouverture de Renaud d’Ast

comédie en deux actes

Renaud d’Ast est le neuvième opéra-comique de Dalayrac. Son sujet est inspiré par une nouvelle de La Fontaine, L’Oraison de Saint-Julien, elle-même tirée du Décaméron de Boccace. Il raconte comment le tuteur de Céphise finit par abandonner ses prétentions à l’épouser, à cause du retour de Renaud. Renaud d’Ast est le fruit d’une collaboration inhabituelle entre un compositeur d’opéra-comique et deux auteurs dramatiques spécialisés dans la pièce à vaudevilles. Pierre-Yves Barré (1749-1835) et Jean-Baptiste Radet (1751-1830) ménagent plusieurs effets comiques reposant sur l’usage d’airs connus. On relève, par exemple, l’air « Il pleut, il pleut bergère », lorsque Renaud est surpris par l’orage sur le balcon de Céphise, et qu’il chante avec de nouvelles paroles : « Il pleut, il vente, il neige, mon courage en chancelle. »
Bien que l’intrigue de Renaud d’Ast relève de l’esthétique sentimentale, les auteurs adoptent un ton enjoué, parfois grivois, et produisent une comédie d’intérieur enlevée. L’ouverture est l’une des rares où Dalayrac ne cite pas un passage de l’opéra qui la suit, mais ses intentions programmatiques sont transparentes. Le larghetto ma non troppo en ré mineur met immédiatement en valeur la partie de violon solo qui va servir de fil conducteur à toute la pièce. Le caractère concertant de l’allegro assai sert à annoncer le rôle joué par la musique dans l’intrigue et prépare l’auditoire à un lever de rideau découvrant Céphise au clavecin. Mais la mélodie de l’introduction en mineur, immédiatement variée par l’accompagnement, et, d’une manière générale, le caractère des nombreuses mélodies disséminées tout au long de l’allegro – entre chanson populaire et contredanse – annoncent précisément le genre en vaudeville. Il n’est d’ailleurs pas exclu que ces mélodies empruntent à des modèles connus des contemporains.

Patrick Taïeb

Nomenclature

violon solos, 2 flûtes, 2 bassons, 2 cors, cordes