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Enfance

deux mélodies sur des poèmes de Rimbaud

On l’a affublé de tant de masques contradictoires : le mystique et le révolté, le sauvage et le savant… Persistons, nous autres, à ne voir à Rimbaud, au poète Rimbaud, que le visage d’un enfant. Et plutôt que de l’entraîner – de le noyer – dans les marécages du cerveau, laissons-lui l’humble flache du cœur, celle où :

« Un enfant accroupi plein de tristesses lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.   »

L’enfant certes de Ma bohème, et de Larme, et de Honte, l’enfant en deuil qui regarde «  les merveilleuses images  », l’enfant «  compris des coqs de clochers de partout  ». S’il existe une clé à l’énigme d’être au monde, lui seul la détient, et lui seul en a l’usage, à condition de s’en tenir à cet âge sans avenir, à son innombrable mesure. Pourquoi parler, avec Claudel, d’un «  enfant trop grand  » et «  mal décidé à l’homme  » ? Au moment du terrible «  départ  » qu’annoncent les Illuminations, on voit deux êtres essentiellement différents se séparer : celui qui part a les yeux secs et tranche dans le vif ; celui qui reste aura l’éternité des larmes, – entendez : de leur bonheur.

Mettre des notes sur du Rimbaud ? Je ne l’ai pas fait sans scrupules. Les mots de Rimbaud supportent mal tout ce qui les enveloppe et les développe ; preuve en sont les errements de ses musiciens, qu’ils utilisent la chansonnette ou l’arcane sériel. Et j’ai dû, dans le polyptyque d’Enfance, me résoudre à ne retenir que deux panneaux sur cinq ; les autres résistent au chant, – et peut-être même à la récitation.

Voilà un enfant de plus dans ma musique, avec Poil de carotte, avec celui des Poésies de Schehadé, tapi «  derrière les roses  », avec celui de Mauvais Cœur, à jamais douloureux d’un souvenir d’enfance, et tant d’autres. Qu’ai-je à faire avec eux ? Je redis que j’ai eu une enfance heureuse. Mais quoi, elle est à des années-lumière ; et comme écrit le poète, «  ce ne peut être que la fin du monde, en avançant  ».

Guy Sacre

Sommaire

  • 1. Au bois
  • 2. Je suis le saint

Panorama de presse

Le langage est fluide, coloré par des harmonies tantôt chaleureuses, tantôt plus symboliques aux accords larges et éclatés, la ligne vocale libre et sans aucune chausse-trappe. L’écriture pianistique se distingue par une exploration de tous les timbres et épouse avec soin le contour mélodique. Ajoutons à cela de nombreuses dynamiques pour appuyer le pouvoir des mots et l’émotion qu’ils procurent.

Ayrton Desimpelaere, Crescendo Magazine

Nomenclature

baryton et piano