Créée à Saint-Pétersbourg le 16 octobre 1893 sous la direction du compositeur, la Sixième Symphonie de Tchaïkovski semble tenir son surnom de « pathétique » de la main de l’auteur lui-même. Il y insuffle une forme neuve : « Au cours de mes voyages, j’ai eu l’idée d’une autre symphonie, une symphonie à programme cette fois-ci, mais dont le programme restera secret pour tout le monde. Qu’on le devine ! ». On voit souvent dans cette œuvre la métaphore de la vie du compositeur lui-même.
Le quatrième mouvement est particulièrement parlant de ce point de vue. Le choix de conclure la symphonie par un mouvement lent, triste et désolé est absolument inhabituel et il troublant de penser qu’il s’agira de la dernière œuvre d’importance de Tchaïkovski. En effet, le compositeur mourra peu de temps après la création, probablement en se suicidant.
Adagio lamentoso est la première indication du final de la Pathétique, parfaitement révélateur de la tristesse et de la désolation omniprésente qui règne dans ce mouvement. Écrit sous forme de rondo, le premier thème, constitué d’une douloureuse chute de septièmes, rappelle le thème central du deuxième mouvement. Seul élément apparemment consolateur, le deuxième thème, extrêmement généreux, est un exemple parmi tant d’autres des mélodies irrésistibles de Tchaïkovski. Celui-ci s’épanouit dans un immense crescendo et trouve son aboutissement dans un paroxysme de douleur. Les dernières mesures sont frappantes : ramassant l’orchestre graduellement dans une tessiture de plus en plus grave, il fait sombrer la masse sonore jusqu’à réduire la matière musicale à la seule pédale de si, qui s’épuise elle-même et plonge la symphonie dans le néant.
Symphonie nº 6 dite « Pathétique »
4e mouvement : Finale
Piotr Ilitch Tchaïkovski
arrangement de
Florian Caroubi