La composition d’œuvres didactiques pour le clavier jalonne à foison l’histoire de la musique. Car loin d’étouffer le geste créateur, le faisceau de contraintes qu’implique cette approche particulière peut se révéler stimulant et fécond : l’art d’enseigner le toucher du clavier et la création d’une œuvre d’art se voient intimement liés l’un à l’autre, comme l’avers et le revers d’un même processus intellectuel. Les Essercizi de Scarlatti constituent un jalon parmi d’autres de cette vaste histoire, au même titre que les Probestücke de Carl Philipp Emanuel Bach et le Gradus ad Parnassum de Muzio Clementi qui feront l’objet d’une présentation similaire dans les numéros à venir de la revue Tempus Perfectum. Ces trois œuvres n’ont pas été choisies au hasard : aboutissement de cette double démarche didactique et artistique, elles invitent le commentateur à appréhender chaque compositeur de la manière la plus large possible, aussi bien au niveau de l’évolution de son style qu’au niveau des circonstances historiques qui l’ont vu s’épanouir. Ainsi, embrassant un siècle de musique, elles permettent de questionner des notions aussi variées et essentielles que l’évolution des styles musicaux au xviiie siècle, le statut du texte musical et la notion d’interprétation, les rapports de l’art à l’artisanat, l’organologie et le passage du clavecin au pianoforte, l’évolution des techniques de jeu au clavier qui en découle…
Sommaire
- Avant-propos5
- L’art d’enseigner le toucher du clavier7
- Introduction7
- Un homme de l’ombre8
- Un corpus de sonates problématique10
- La singularité des Essercizi17
- Les Essercizi et la démarche didactique de Scarlatti19
- Les Essercizi et la démarche créatrice de Scarlatti32
- Pour conclure43
- Annexe. Tableau synoptique des Essercizi de Scarlatti45