Tout le jaune se meurt op. 48

d’après « Les Fenêtres » de G. Apollinaire

Dans Für die Jugend, je suggérais à l’interprète quelques mouvements susceptibles de traduire et structurer des textes conçus comme de véritables calligraphies.

Avec cette nouvelle œuvre, je tente une « kinésigraphie » (une écriture du mouvement) capable à la fois de souligner la forme musicale (avec ses principaux motifs) et d’amplifier certaines images.
Les images de ce poème – plus que d’improbables affects – sont en effet mises en scène à la manière des calligrammes d’Apollinaire, où se joue une sorte de théâtre du geste. Un geste vers Lou, vers la femme, un appel vers l’autre et ses lointains paysages. Le « pianotage » de l’interprète s’agrandit tantôt en rêveuses ondulations, tantôt en spirales exaltées. Associés aux prestiges de sa voix, les doigts et les mains mais aussi le regard et tout le corps de la chanteuse élargissent la perception de l’auditeur-spectateur, le transportent vers ces « villes auriculaires » auxquelles il aspire.

Polychromes, ces images parcourent la carte des saisons, vibrent du rouge au vert et du blanc neigeux aux « insondables violets » puis s’estompent comme un soleil d’automne quand « le jaune se meurt ». Mais avec la fenêtre s’ouvre en grand la vision des Capresses et « Chabines marronnes » qui se balancent au rythme des Antilles et virevoltent « comme une orange », de Paris jusqu’à Vancouver.

Les voix et mouvements de cette pièce doivent à présent dessiner les perspectives de la rue où nagent mes deux mains / Aux doigts subtils fouillant la ville imaginées par le poète.