Emprunté au fameux hymne de Mésomède de Crète, le titre de cet ouvrage fait écho au nom du quatuor Hélios (soleil), son dédicataire. Et bien au-delà de ce clin d’œil, toute cette composition s’inspire du « poïkilon » des Grecs, un terme désignant l’infinie variété des lumières et couleurs qui émanent du Soleil mais aussi d’autres divinités telle Aphrodite. Comme l’astre solaire, le rayonnement de la déesse se diffracte et fait miroiter ses multiples effets sur la mer. C’est en tout cas ce que chante Sappho dans son premier Hymne à Aphrodite.
Dans mon Hymne au soleil, flûte et cordes se cherchent et se répondent, renouvelant constamment le timbre de leurs échanges jusqu’à redessiner les vibrations du poïkilon mythique. Par ailleurs, l’ensemble de l’œuvre joue sur les variantes rythmiques de l’antique Péan avec son habituelle scansion sesquialtère (à cinq temps). Celle-ci sera parfois très ramassée, fulgurante, en particulier dans les variations centrales. Parfois au contraire, démesurément agrandie, elle apparaîtra comme distanciée par quelque artifice télescopique, notamment dans les quelques passages solistes.
Cet hymne est un hommage à Jean Cabu et à tous ceux qui tombent sous le coup d’assassins fanatiques et aveugles. Je suis sûr que le soleil de nos expressions rayera l’obscurité de la barbarie car « là où la vie emmure, l’intelligence perce une issue… » (Proust). Je suis sûr aussi qu’Aphrodite sera elle-même « présente comme alliée dans le combat »
Commande des Rencontres musicales de La Prée pour le quatuor Hélios.