20 Études ou Exercices pour le piano op. 30


(édition scientifique)

Cette édition des 20 Études ou Exercices pour le piano, op. 30, se fonde sur celle publiée par Imbault à Paris autour de 1800. Le titre original complet est «  Études ou Exercices pour le pianoforte dirigées d’une manière nouvelle », suivi en dessous par « … utile aux personnes qui veulent avoir un talent distingué sur cet instrument et à celles qui parvenues à ce point veulent s’y maintenir » et indiquant que l’œuvre « … peut servir de suite à la Méthode de Piano des Citoyens Adam et Lachnith ».

Dans sa préface, que nous reproduisons intégralement ici, Reicha explique son objectif, à savoir, d’offrir des études ayant un intérêt musical, plutôt que des exercices purement techniques. En plus, il dit être le premier à le faire pour le piano. Cette affirmation semble justifiée, car les études de piano de Cramer, de Clementi, de Steibelt et d’autres furent publiées plus tard. On dirait peut-être que c’est Chopin qui établit définitivement l’étude « artistique » avec ses deux recueils de 1833 et 1837. On ne sait cependant pas si Chopin connaissait cette œuvre de Reicha.

On peut donc considérer ces études non seulement comme un entraînement pour certaines techniques pianistiques mais également comme des exercices de composition, et quelques-unes sont si particulières qu’on ne retrouve nulle part ailleurs leurs spécificités dans d’autres pièces de musique de l’époque. Comme l’explique le pianiste Henrik Löwenmark :

La composition en est un élément primordial, particulièrement au niveau harmonique, même dans ces morceaux qui sont des exercices plutôt que des œuvres créatives. Il est évident que Reicha veut… offrir une boîte à outils aux compositeurs en devenir.
On pourrait comparer cet ouvrage avec les 34 Études pour piano de Reicha, de 1820, que le compositeur décrit comme « pour l’usage des jeunes compositeurs » incluant des remarques instructives.

L’œuvre est divisée en deux parties, chacune contenant dix études. Celles de la première partie ont des titres, tels « Les cadences » ou « Les accords brisés », alors que celles de la seconde partie ne sont identifiées que par leur numéro ou, dans certains cas, aussi par une indication subsidiaire telle « La fugue » ou « Mesure composée ». Cinq des morceaux de la seconde partie se trouvent aussi dans d’autres recueils : les nos 2, 3, 8 et 10 dans les Practische Beispiele, et le no 9 dans les 36 Fugues.

Dans l’édition d’Imbault se trouve, avant chaque partie de l’ouvrage, une série de remarques de Reicha, que nous incluons dans la présente édition. Chacune des cinq remarques de la première partie consiste en un texte bref suivi d’un exemple musical. Dans notre édition, nous les avons placées juste après l’étude concernée, plutôt qu’au début. Les trois remarques de la seconde partie consistent en un texte assez long sans exemple musical. Par souci de cohérence, nous les avons également placées à la suite de l’étude en question.

Le titre du no 8 de la première partie est « Les clefs » et Reicha change fréquemment la clé dans la portée supérieure, utilisant plusieurs clés d’ut ainsi que la clé habituelle de sol. Sa remarque pour cette étude n’est rien d’autre que l’ajout du même morceau réécrit entièrement avec les deux clés « usuelles  ». Dans le dixième exercice de la seconde partie, Reicha emploie également des clés d’ut pour certains passages. Vu la complexité de ce morceau, qui est écrit sur quatre portées, nous avons fourni une version supplémentaire qui n’utilise que les clés usuelles de sol et de fa, bien qu’une telle version ne se trouve pas dans l’édition originale. La dixième étude de la première partie a le titre « L’Enharmonique » et ici nous avons imité l’édition originale en conservant les deux armatures différentes, sol bémol majeur pour la portée supérieure et fa dièse majeur pour l’inférieure. Nous pensons que cela ne devrait pas causer trop de difficulté pour l’interprète.

La plupart des remarques de Reicha n’exigent pas d’explications supplémentaires. C’est seulement pour celles du no  4 de la seconde partie que quelques précisions pourraient être utiles. Ce morceau est à 5/8, comprenant 3/8 + 2/8. Les remarques de Reicha ici ressemblent à celles de son commentaire sur le no 3 de ses Practische Beispiele, également à 5/8, pièce qui se trouvait aussi comme manuscrit à part ayant pour titre Mesure composée. Il existe d’autres œuvres de Reicha a 5/8, telles que le no 20 des 36 Fugues, que décrit le compositeur comme une sorte de valse, le comparant à la musique folklorique ayant le même mètre. De même, on trouve aussi une ouverture pour orchestre, un duo pour violon et piano et le dernier mouvement du Quatuor scientifique pour quatuor à cordes.

Michael Bulley

Nomenclature

piano