Le xixe siècle voit se multiplier les écrits sur la musique. Celle-ci pose des questions gênantes : à ceux qui la pratiquent, à ceux qui l’écoutent, à ceux qu’on n’appelle pas encore les intellectuels – écrivains et philosophes. Parler de musique, à l’époque romantique, singulièrement en France et dans l’espace germanophone, c’est chercher à capter l’effet qu’elle exerce, les émotions qu’elle procure, les images qu’elle évoque ; c’est parler de soi-même. Le discours sur la musique avoue aussi une impuissance : les paroles ne savent pas vraiment dire ce que dit la musique. À partir du moment où l’on abdique toute prétention à la rationalité, on se convainc que les notes ne soulignent pas simplement les informations d’un texte, livret d’opéra ou poème mis en Lied, pas plus qu’elles ne traduisent des intentions descriptives – quel intérêt y aurait-il à reproduire ce qui existe déjà ? Comment expliquer la puissance, le mystère, la richesse dont la musique est seule détentrice ? Celui qui s’exprime sur cet art à nul autre pareil porte une double responsabilité d’instructeur du goût et de passeur vers l’infini : romancier ou essayiste, chroniqueur mondain ou critique spécialisé, épistolier ou rédacteur de journal intime, artiste peintre ou compositeur attiré par l’acte littéraire, chacun s’efforce de dé-chiffrer la musique, de faire partager à des lecteurs, fussent-ils imaginaires, ce qui est une expérience première du son. La musique échappe au bon sens, elle a peut-être même vocation de désordre : elle demande donc à être révélée. L’écrit sur la musique n’est pas un dépôt de savoir, puisque l’œuvre musicale reste difficile à atteindre : mais cet écrit prend valeur de défi à restituer un trop-plein affectif, comme il témoigne des appétits de la génération romantique.
Sommaire
- Introduction1
- L’écrit sur la musique en quête de son objet : le xviiie siècle en marche vers le xixe7
- Les conditions de l’écriture : à musique romantique, discours romantique33
- Grandeur et puissance : les attributs d’une musique irrésistible49
- Portrait de Beethoven en arbitre de l’histoire65
- Hymne à l’enthousiasme et à la folie : la musique là où la parole échoue83
- Suprématie de la musique instrumentale : « Non pas une simple combinaison de sons… »103
- Les démons de l’analogie : le vieux débat sur les capacités figuratives de la musique125
- Du passe-temps mondain à l’éducation de la société : les finalités de la musique151
- Les aveux des textes mis en musique : ordre et désordre dans le livret d’opéra183
- Conclusion207
- Sources217
- Index des œuvres223
- Index des personnes229
Panorama de presse
Une étude superbe et bien documentée.
Franck Mallet, Classica
De rigoureuses références bibliographiques accompagnent ce travail majeur, que l’on relira souvent.
Une approche érudite, remarquablement documentée.
Jean Lacroix, La Revue générale
Un ouvrage passionnant autant par ce qu’il apprend que par ce qu’il suggère, ouvrant de nombreuses pistes de recherches pluridisciplinaires.
André Segond, Publications de l’opéra de Marseille
Spécialiste du xixe siècle musical, Michelle Biget-Mainfroy propose ici un portrait passionnant et détaillé.
Laurent Bergnach, anaclase.com