Natalie ou La Famille russe est un opéra en trois actes, sur un livret de Jean-Henry Guy, créé le 30 juillet 1816 à l’Académie royale de musique de Paris. L’œuvre connut une série de six représentations seulement. Malgré une renommée internationale de compositeur instrumental bien établie, Antoine Reicha n’eut pas beaucoup de succès auprès du public parisien en tant que compositeur dramatique. Seize années plus tôt, ses opéras Obaldi et L’Ouragan furent refusés aux théâtres Favart et Feydeau et il dut attendre 1810 pour que Cagliostro soit enfin représenté.
L’intrigue de Natalie porte sur une famille noble, originaire de Moscou, et vivant en exil dans le sud de la Sibérie, sur les rives de l’Angara, proche du lac Baïkal et de la cité d’Irkoutsk. Malgré des difficultés pratiques liées à la production, Reicha considerait Natalie comme un véritable succès artistique et en citera plusieurs passages dans son traité L’Art du compositeur dramatique. « Voilà un opéra dont le poème a de l’intérêt, dont la musique est remplie de chants neufs, dont les airs de ballet ont beaucoup d’originalité… », nous confie le compositeur. Et Reicha de poursuivre sur le rôle qu’il considère être le sien en tant que compositeur d’opéras : « Un opéra dont le seul but est de divertir le public pendant quelque temps n’est autre chose qu’une marchandise de mode. Je ne veux pas faire des ouvrages qui ne font que paraître et disparaître, comme les nuages sur l’horizon ; je travaille pour la postérité, parce que j’en ai le talent, et dans ce cas je lui suis responsable de mon temps. »
Reicha désapprouvait les ouvertures de Haendel ou de Lully dans lesquelles il ne voyait « qu’une espèce de prélude fugué, sans idées, sans imagination, sans mélodie et sans goût ». Il n’était par ailleurs pas favorable à l’inclusion de thèmes qui apparaîtront plus tard dans l’opéra, affirmant qu’« il n’est pas de l’intérêt de l’auteur d’user par anticipation ses idées et de les priver par là d’une partie de leur fraîcheur ». Une ouverture, selon lui, commence presque toujours par un bref passage introductif, normalement sombre si l’œuvre est une tragédie ou un mélodrame. Ce bref passage introductif consiste dans le cas de Natalie en un adagio de 30 mesures en mi mineur, succession de thèmes instaurant une atmosphère menaçante. La suite est un allegro spirituoso de 280 mesures qui continue essentiellement en mi mineur avant une longue série de modulations menant à une section finale de 75 mesures en mi majeur concluant l’ouverture dans cette tonalité.
En raison de la traîtrise de son mari, le comte Varemzor, Natalie est contrainte de vivre en exil avec son père, Voldik, et Alexis son fils de 15 ans. À la suite d’une terrible tempête et alors qu’il portait secours aux habitants de la région, Alexis est emporté avec sa barque par les inondations. En atteignant la terre ferme, il rencontre un homme, qui est en fait son père, lui aussi contraint à l’exil, mais les deux hommes ne se reconnaissent pas. C’est seulement quand il questionne Alexis sur son identité que le comte Varemzor, qui s’est depuis repenti de son passé, reconnaît son fils. Natalie retrouve alors les deux hommes et pardonne son crime à Varemzor. Alors qu’il ordonne dans un premier temps à Natalie et Alexis de retourner vivre à Moscou sans Varemzor, Doloski, le prince de la région, se résigne finalement à permettre la réunion de la famille.
Extraits sonores
Nomenclature
1 petite flûte, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 3 trombones, timbales, grosse caisse et cymbales, cordes