Comme plusieurs autres compositeurs français de la Révolution, Cherubini subit l’influence des opéras que Gluck compose pour Paris de 1774 à 1779, mais il porte plus loin encore l’expressivité radicale de leurs préludes orchestraux. Dès Lodoïska (1791) et, surtout, dans Médée (1797), un orchestre massif et une écriture passionnée insufflent une vigueur quasi beethovénienne aux ouvertures de Cherubini.
Les Deux Journées ne démentent pas le talent de l’artiste, bien au contraire, puisque c’est pour lui l’opéra de la consécration en France et celui qui alimente avantageusement sa notoriété au-delà des frontières durant la première moitié du xixe siècle. La qualité du livret signé Bouilly force l’admiration de Goethe, de Mendelssohn et de Beethoven : ce dernier trouve d’ailleurs le poème de son Fidelio dans Léonore ou L’Amour conjugal du même librettiste. Le texte ajoute à la musique de Cherubini l’attrait sans lequel un titre ne peut se maintenir au répertoire. Créé le 16 janvier 1800 au théâtre Feydeau, cet opéra-comique en trois actes atteint 195 représentations à Paris en 1815 – deuxième opéra le plus représenté après Le Calife de Bagdad de Boieldieu –, auxquelles s’ajoutent 90 représentations sous la Restauration.
L’intrigue se déroulant au temps de Mazarin est un prétexte d’opéra à sauvetage. Elle s’inspire des idées humanistes de la Révolution française, en y inscrivant le thème commun dans les arts de la fraternité humaine. Dans le ton de mi majeur, l’ouverture est construite sur le schéma d’un premier mouvement de symphonie, mais dépourvu de développement.
Extraits sonores
Un enregistrement sur disque compact de l’Ouverture des Deux Journees est disponible sous le label Opus 111.
Nomenclature
2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 3 cors, 1 trombone, timbales, cordes