Trente ans plus tard, le souvenir de ce studio de Lausanne, bien encombré par les deux grands pianos, où les trois protagonistes entendaient pour la première fois la Petite Cantate tout en l’enregistrant, est encore très présent. C’est une des œuvres les plus sincèrement, simplement émouvantes d’Olivier. Une profusion de motifs angéliques, somptueusement harmonisés, s’y succèdent et se superposent comme par miracle dans une ambiance de paradis, sans les ruptures agressives utilisées plus tard par Olivier – par pudeur ou au contraire, astucieusement –, quand il n’était pas sûr de la légitimité d’une idée, ou pour encadrer une citation. Là, le diable ne s’en mêle pas. L’élévation du matériau et la virtuosité audacieuse qui l’organise, laissent bouche bée. C’est de bout en bout envoûtant et suprêmement intelligent. Chef-d’œuvre de jeunesse, et pourtant de maturité absolue, la Petite Cantate de chambre a sa place à côté des grands gospels, même si elle est légèrement anachronique, comme la petite sœur très tardive d’une grande et belle famille.
Extraits sonores
Un enregistrement sur disque compact de la Petite Cantate de chambre est disponible sous le label INA-Mémoire vive.