Dans le Paris de 1792, une révolution esthétique accompagne les bouleversements politiques. Les artistes affichent une volonté délibérée, parfois opportuniste, de tourner le dos aux raffinements mélodiques et à la délicatesse de goût, trop marqués « Ancien Régime », pour une musique fondée sur un idéal romain de chasteté et de virilité. Nul n’en parle mieux que Charles Rosen, dans son Style classique, à propos de la révolution de Gluck, antérieure de 20 ans : « Ses meilleures œuvres ont souvent un air sévère qui rappelle l’espace compartimenté et les couleurs métalliques de David, ou encore les formes purement géométriques de Ledoux, phénomènes tous chargés d’une signification éthique aussi bien qu’esthétique ». On ne saurait mieux définir le néo-classicisme à la mode dans la France du dernier tiers du xviiie siècle. Peu d’ouvrages de Méhul méritent cet éloge (un peu ambigu) autant que sa Stratonice, et particulièrement son ouverture.
François Bernard
Extraits sonores
Panorama de presse
L’ouverture de Stratonice (1792) parle une langue dramatique, dans des couleurs sombres dues à un orchestre privé de hautbois et de trompettes, mais doté d’un trombone qui donne aux basses une profondeur inhabituelle. Ce qui frappe d’emblée, c’est la concision du propos. […] Méhul va droit au but avec une puissance dramatique digne de Cherubini. Cette ouverture pourrait être une alternative heureuse à celles de Mozart ou de Rossini pour commencer un concert.
Alain Pâris, La Lettre du musicien
Nomenclature
2 flûtes, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 1 trombone, timbales, cordes