Je me décide à regrouper dans ce cahier, contre mon usage, trois mélodies écrites d’après trois auteurs différents. Leur date de composition, qui leur fournit ce (faux) semblant de titre, n’aurait certes pas suffi à les réunir ; pas davantage leur brièveté, leur économie de moyens : qualités qu’on reconnaîtra à tous les poèmes que j’ai mis en musique. Mais je leur trouve aujourd’hui, avec la distance, une réelle parenté de climats et de sentiments. Publiées ensemble, non pas comme une collection hétéroclite, mais comme une véritable « suite », elles prennent tout leur sens.
Laforgue, l’éternel Pierrot de notre poésie, l’inimitable imitateur de « Notre-Dame la Lune », traîne son ennui dans un paysage à la Watteau ; si quelquefois il interroge, ce ne peut être qu’avec « ironie », et l’étymologie lui donne raison. Toulet, à mots précieux et mesurés, dit le deuil à la fois d’un ami et de sa propre jeunesse ; quelques rehauts de couleur ne font qu’exacerber la peine. Carco rejoint Verlaine, et la troupe innombrable des poètes à qui, comme sur la ville, il pleure et pleut dans le cœur…
Sommaire
- Pierrot (Jules Laforgue)
- In memoriam (Paul-Jean Toulet)
- Berceuse (Francis Carco)