Dans la préface à mes Trois Poèmes de Supervielle, récemment parus chez Symétrie, je qualifiais sa poésie de « quotidienne, paisible et rassurante », et je la jugeais « fidèle à tous les paliers de notre vie ». Mais de ce vécu je ne précisais pas l’étoffe, ni le contour. Tout poète crée un univers, auquel nous sommes conviés : à combien nous est-il loisible d’adhérer, de nous joindre au point de ne plus sentir la suture ? Pour celui-ci, aucun doute. Les arbres, les rivières, les animaux qui le peuplent – et l’enveloppent de naïve tendresse – peuvent devenir, non par magie mais par sympathie intime, autant d’amis inconnus. « Il vous naît un poisson… » « Il vous naît un oiseau… » « Il vous naît une étoile… » Et pareillement ces flamants de l’aube et du crépuscule, ce sapin dérivant sur un lac : il suffit de les rencontrer, au hasard des mots et des rimes, pour non seulement les percevoir, mais les reconnaître, au plus aigu du souvenir. Quotidiens, assurément, comme les plus durables de nos rêves. Supervielle disait, plus joliment, « mes légendes ».
Sommaire
- Échanges
- Le lac endormi