Ouverture de Ma tante Aurore ou Le Roman impromptu

opéra bouffon en trois actes

Figurant parmi les personnalités à la mode à cette époque, le jeune compositeur fréquente les salons artistiques parisiens, particulièrement celui de la princesse russe Dolgorucki à qui la partition de Ma tante Aurore est dédiée en 1803. […]

Si Le Baiser et la Quittance est le dernier opéra parisien auquel contribue Boieldieu aux côtés d’Isouard, Méhul et Kreutzer, Ma tante Aurore est le dernier ouvrage dont le succès profite véritablement à son auteur avant son installation en Russie. Créé le 13 janvier 1803 au théâtre de l’Opéra-Comique, cet opéra bouffon en trois actes sur un livret de Longchamps connaît un accueil très agité le soir de la première. Satire des sombres intrigues romanesques à l’anglaise, l’ouvrage est « sifflé en trois actes le 23 nivôse, applaudi en deux, le 25 du même mois, au théâtre Feydeau », comme le livret imprimé chez Barba le rappelle. Remanié et réduit, l’opéra triomphe aussitôt : Ma tante Aurore est donné plus de 250 fois à l’Opéra-Comique entre 1803 et 1830 ; à Rouen, ville natale de Boieldieu, l’œuvre est représentée à 143 reprises entre 1803 et 1858 ; traduit en allemand, l’opéra est créé à Berlin dès 1807. Le succès est attesté en outre par la production de deux parodies en 1803 : La Nièce de ma tante Aurore et La Famille de ma tante Aurore ou la Matinée romanesque.

[…] Si la presse ne tarit pas d’éloges, elle émet quelques réserves à propos de l’ouverture, jugée bien construite, mais insignifiante, décousue et peu agréable. Boieldieu la remplace à la quatrième représentation par une nouvelle partition beaucoup plus gaie, imprimée en mars 1803 dans le conducteur et le matériel. Elle emprunte deux thèmes tirés du premier acte, qui insistent sur le ridicule du personnage d’Aurore, vieille fille nourrie par les romans anglais : le premier thème cite le duo « Quoi, vous avez connu l’amour ? », et le second, pastoral, les couplets « Je ne vous vois jamais rêveuse ». L’ouverture est pensée comme un premier mouvement de symphonie classique, avec mouvement lent expressif et concertant, exposition, bref développement, réexposition ramassée et coda. L’orchestration est parfaitement maîtrisée : tout procède ici d’une recherche d’expression, de naturel et de sensibilité.

Joann Élart

Nomenclature

2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 1 trombone, cordes