La première chose que l’on remarque dans l’ouverture est l’instrumentation, qui inclut deux harpes et un célesta. Nous entendons ces instruments, dans un andante à 3/8, pendant 22 des 24 premières mesures. Leur timbre devrait évoquer pour nous la lyre de Sapho, instrument qui joue un rôle important dans cet opéra. S’en suit un allegro à 4/4, sans harpe et célesta, jusqu’à la mesure 221, où revient, pendant sept mesures, l’andante du début. Les cent dernières mesures sont un allegro à 4/4 ayant de nouveaux thèmes.
Est-ce que Reicha suit ses propres préceptes dans cette ouverture ? Dans son traité Art du compositeur dramatique, il indique qu’une ouverture commence presque toujours par un bref passage, normalement sombre, si l’œuvre est une tragédie ou un mélodrame. L’ouverture de son opéra Natalie, par exemple, se conforme exactement à cette description. Dans Sapho, par contre, l’introduction a un air simple et innocent. Doit-on donc dire que Sapho n’est ni une tragédie ni un mélodrame ? Pourrait-on dire que c’est une romance ?
Les deux passages allegro sont pleins d’énergie et s’aventurent par instants loin de la tonalité principale. Parfois aussi, les modulations insistantes peuvent nous rappeler les ouvertures de Rossini ! C’est seulement dans cette brillante introduction que l’on va entendre des thèmes qui lui sont propres. Nous conclurons par une citation de Reicha où il justifie sa pratique à cet égard : « il n’est pas de l’intérêt de l’auteur d’user par anticipation ses idées et de les priver par là d’une partie de leur fraîcheur. »
Nomenclature
2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 3 trombones, timbales, 2 harpes, 1 célesta, cordes