Olivier Greif est âgé de vingt-cinq ans lorsqu’il esquisse ce Scherzo pour piano, op. 52. Étant donné l’absence d’indication sur cette pièce dans le journal du compositeur, il est difficile de déterminer les circonstances qui ont entouré sa composition. Même le manuscrit est dépourvu de date et seul le catalogue autographe de l’auteur indique qu’il s’agit de la première composition de l’année 1975. Néanmoins, bien qu’il semble que sa genèse ait été de peu antérieure à la finalisation de la Sonate de Guerre, op. 54 – démarrée en 1965 et achevée en 1975 – ce Scherzo partage avec cette œuvre emblématique du répertoire greifien l’un des thèmes guerriers de son premier mouvement tiré du refrain de « Ein Heller und ein Batzen » (« Un sou, un écu »). En effet, les réminiscences musicales de « chants guerriers, sonneries, appels et marches militaires » se succédant au sein du premier mouvement de cette sonate – vue comme un « vigoureux plaidoyer en faveur de la paix » – font, selon les dires du compositeur, référence à l’horreur de l’Allemagne nazie, participant ainsi à dresser « une réflexion sur l’évolution de la culture germanique depuis le début du xixe siècle et sur la perversion intime qui a permis que s’accomplisse l’innommable ». « Ein Heller und ein Batzen », chanson à boire populaire du folklore allemand écrite en 1830 par Albert von Schlippenbach, est encore aujourd’hui considérée à tort comme un chant nazi car fréquemment chantée par les troupes allemandes sous l’Occupation et dont le refrain « Heidi, heido, heida » était repris sous la forme « Heili, heilo, heila », « pour évoquer le salut hitlérien ».
Nous espérons que cette édition aujourd’hui établie, rendant finalement accessible aux interprètes ce Scherzo abandonné dans les archives du compositeur, permettra qu’il rencontre son public.
Nomenclature
piano