Selon l’édition originale, cette symphonie fut jouée pour la première fois au Concert des amateurs – société de concerts en concurrence avec le Concert spirituel – en 1777, année du décès de Le Duc. Elle présente une fusion des styles germanique (école de Mannheim), français et italien. Simon Le Duc subit indéniablement l’influence italienne, comme à peu près tous les symphonistes de son époque, dans la structure de l’œuvre : trois mouvements, vif-lent-vif. Il y joint cependant l’expressivité germanique grâce à une orchestration caractéristique de l’école allemande et utilise la virtuosité propre à l’école française, particulièrement pour le violon, son instrument.
Son style avant-gardiste est défini par l’emploi de rythmes très diversifiés qui font l’objet de courtes sections. Les contrastes dynamiques, omniprésents, sont efficaces et spectaculaires. Dans l’ensemble, l’harmonie reste simple. Cependant, l’emploi dans la première partie d’un accord de septième diminuée (mes. 139) caractérise une recherche de style et de couleurs préfigurant les grandes symphonies pré-romantiques. Les flûtes et les cors donnent de l’épaisseur au tissu harmonique tandis que les violons se détachent par une ligne mélodique contrastée. Les instruments à vent jouent rarement seuls et sont employés avec beaucoup de finesse. Le chromatisme, employé non seulement dans les pupitres intermédiaires, mais aussi dans la mélodie renforce le caractère expressif.
La symphonie débute par un un allegro vivace précédé d’une introduction lente maestoso qui met en valeur le caractère plein d’allégresse de cette section. La beauté du second mouvement se fait ressentir par l’emploi de retards, de tuilages et de sixtes napolitaines, intervalles très souvent utilisés pour donner un caractère dramatique et poignant. Cet adagio sostenuto émouvant contraste avec le dernier mouvement de la symphonie, un rondo moderato dynamique et léger. Le thème est traité de manière différente à chaque reprise, soit en tierces, soit avec les vents qui ont un rôle plus actif dans cette troisième partie que dans les deux autres. À la simplicité du thème s’ajoute la légèreté française des ornements en doubles ou triples croches qui donnent à ce rondo sa délicate particularité, faisant d’autant plus ressortir la gravité et la profondeur du mouvement central.
Enlevée, dense et expressive, cette symphonie de Simon Le Duc est, selon Barry S. Brook, « un des chefs-d’œuvre de la musique symphonique du xviiie siècle ».
Camille Subiger
sous la direction scientifique de
Pierre Pascal
(département de Musique et Musicologie, UFR Arts Lettres et Langues-Metz, Université de Lorraine)
Sommaire
- I. Maestoso allegro vivace
- II. Adagio sostenuto
- III. Rondo moderato
Panorama de presse
Elle est remarquable par son expressivité : les contrastes dynamiques et rythmiques foisonnent, les recherches de style et de couleur préfigurent les grandes symphonies romantiques. On appréciera en particulier l’adagio sostenuto, particulièrement poignant ainsi que le rondo d’écriture très française.
Daniel Blackstone, L’Éducation musicale
Extrait sonore
Nomenclature
2 flûtes, 2 cors, cordes