Ce livre brosse un portrait collectif des femmes en musicologies francophones depuis l’émergence de la discipline à la fin du xixe siècle jusqu’à la phase finale de son institutionnalisation universitaire dans les années 1970. Il met en regard différents contextes et réseaux dans lesquels la musicologie était pratiquée en français, des sphères parisiennes, à Strasbourg, Clermont-Ferrand, Poitiers, Liège et Bruxelles, en passant par l’Aurès, Ravensbrück, la Grèce et le Bourbonnais. Sans échapper aux inégalités et aux normes de genre contemporaines, la musicologie française s’est néanmoins révélée dans un premier temps plus inclusive que ses homologues allemandes, autrichiennes ou états- uniennes, favorisant l’émergence de figures marquantes telles que Michel Brenet/Marie Bobillier, Yvonne Rokseth, Geneviève Thibault de Chambure ou Solange Corbin, et de nombreuses autres souvent méconnues de nos jours. Chercheuses, enseignantes à l’université, musiciennes, bibliothécaires, ou collectionneuses, ces femmes ont largement contribué à l’essor de leur discipline, parfois en marge des circuits académiques. À travers quatre axes – leur rôle dans l’institutionnalisation de la discipline, leur apport théorique, leur participation à la redécouverte des musiques anciennes et leur contribution aux débuts de l’ethnomusicologie – cet ouvrage retrace les trajectoires de ces pionnières à travers de nombreuses sources jamais exploitées. Il offre ainsi une contribution inédite et nécessaire à l’histoire de la musicologie et à l’histoire des femmes scientifiques.
Sommaire
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Introduction : Femmes en musicologies francophones, un état des lieux transnational1
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première partie : des femmes et des institutions17
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Une vie ténébreuse : Michel Brenet et l’institutionnalisation de la musicologie en France19
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« Voyez-vous, je perds un peu mon temps ici… et la vie est courte » : Marie-Louise Pereyra (1878-1944), une vie au service de la musicologie41
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Le fonds Yvonne Rokseth au département de la Musique de la Bibliothèque nationale de France81
François-Pierre Goy
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Suzanne Clercx, pionnière de la musicologie en Belgique97
Henri Vanhulst
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deuxième partie : penser et repenser la musicologie109
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La « méthode Michel Brenet », entre érudition classique et scientificité moderne111
Raphaëlle Legrand et Théodora Psychoyou
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Lectrices, traductrices, polémistes : les musicologues françaises et « l’impossible modèle allemand » (1900-1945)137
Louis Delpech
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La Revue critique de musique et de musicologie, un projet inabouti d’Yvonne Rokseth et de Vladimir Fedorov (1945-1947)165
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Thérèse Marix-Spire (1898-1987) : de George Sand à Pauline Viardot, itinéraire d’une dix-neuviémiste)191
Florence Launay
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troisième partie : ars rediviva : faire revivre les musiques anciennes239
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« Musicare console vivement » : les auditions de musique médiévale organisées par Yvonne Rokseth (1932-1948)241
Isabelle Ragnard
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Claude Crussard et Ars rediviva : la musique baroque inédite révélée au grand public283
Laurence Decobert
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Geneviève Thibault de Chambure (1902-1975) : faire revivre les « musiques d’autrefois »309
Florence Gétreau
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Solange Corbin, entre Paris et Poitiers : de la musicologie à la politique culturelle333
Isabelle His
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quatrième partie : femmes de terrain : l’ethnographie aux portes de la musicologie367
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Melpo Logothéti-Merlier (1890-1979) et les débuts de l’ethnomusicologie en Grèce369
Lucile Arnoux-Farnoux
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Marguerite Gauthier-Villars (1890-1946) : Une musicologue en Bourbonnais391
Jean-François « Maxou » Heintzen
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Germaine Tillion, musicologue ? Ethnologie et collecte musicale de l’Aurès à Ravensbrück413
Marie-Hélène Benoit-Otis
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Nelly Caron (1912-1989), écrivaine, ondiste, ethnomusicologue, fondatrice du Centre d’études de musique orientale, une femme entre Orient et Occident433
François Picard
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Terrain et vie de femme, un jeu d’équilibriste : entretien avec Mireille Helffer445
Mireille Helffer, Catherine Deutsch, et alii
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Index des noms455