Présentation
Compositeur français, né en 1948, Guy Sacre n’appartient à aucune école et ne suit aucune mode. Son attachement indéfectible à la tonalité ne lui enlève ni sa liberté, ni sa désinvolture, aiguisé qu’il est par son goût pour la bitonalité et les échelles modales. Sa musique, d’une grande économie de temps et d’espace, joue sur le paradoxe entre un mélodisme simple, apparenté à l’univers de la comptine, et une écriture harmonique élaborée, inventive, éminemment personnelle.
Guy Sacre cultive tout autant la musique que la littérature et la poésie, et apparaît, selon l’angle d’approche, tout à la fois comme un compositeur, un écrivain et un poète, sans que l’on puisse déterminer quelle est la part prépondérante. Cette publication, la première à paraître sur le compositeur, s’intéresse plus particulièrement à son œuvre pour chant et piano, tout un monde où se rencontrent, avec ardeur et tendresse, musique et poésie.
Les qualités dominantes de la musique vocale de Guy Sacre sont sa sobriété mélodique, son extrême raffinement harmonique, sa concision formelle et son économie de moyens. L’étude de ses mélodies révèle une attention extrême à la construction strophique des poèmes, au poids des mots, à leur sonorité propre, leur accentuation, comme aux images qui orientent chaque composition dans le sens de la vérité émotionnelle. Chaque recueil de mélodies parvient ainsi à créer une couleur spécifique, la musique de Fargue toute différente de celle de Verlaine ou de celle de Rilke.
Ce livre tente d’ouvrir quelques portes pour aider le lecteur à pénétrer au cœur de cette musique rare, d’une grande unicité, où dominent comme une force de gravité les sentiments de regret, de nostalgie, de douleur, souvent dissimulés derrière un masque, atténués par une suprême délicatesse.
Au centre de l’ouvrage, chaque mélodie est présentée dans sa chronologie, analysée, parfois avec minutie, pour mettre en valeur les qualités de l’écriture comme pour souligner les relations subtiles, toujours renouvelées, entre poésie et musique. Aux sources vives de l’enfance est aussi un portrait de Guy Sacre, et nous invite à découvrir et apprécier toute la singularité de son écriture, de son style et de sa pensée.
Anthony Girard
Plan de l’ouvrage
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I. Analyser ou s’émouvoir ?
- Les marges étroites de la connaissance1
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II. Sésame, ouvre-toi !
- Le répertoire pour chant et piano5
- La poésie de langue française7
- La subtile alchimie des sons11
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III. Un langage lumineux, « comme le ciel et le jour »
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1. « Que le silence est beau de mille oiseaux ensemble… »16
- Un lyrisme intime16
- De rares figuralismes22
- Éloge de la simplicité23
- Suggérer, mais à peine !27
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2. « Approche ton oreille ! »33
- Une harmonie subtilement modale34
- Les ambiguïtés polymodales36
- La signature tonale41
- Les modulations émotionnelles45
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IV. « Chaque été il y aura donc pour moi une nouvelle mélancolie »
- Orfèvrerie formelle51
- Un catalogue, au fil de la plume…52
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V. « Ô soleil Ô lune Ô poésie de mon enfantement »
- Un parcours solitaire199
- Une évidente filiation…203
- … mais aucune étiquette !204
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VI. « Ce dialogue intime, et recommencé, d’un être avec ses propres ombres »
- Entre la candeur et la détresse207
- L’alibi du poème209
- Une singularité extrême210
- Catalogue des mélodies219
- Index des personnes225
Mélodies de Guy Sacre
parues chez Symétrie
- Cinq Poésies de Georges Schehadé, 1976
- Cinq Poèmes d’Apollinaire, 1977
- Sept Phrases pour éventails (Paul Claudel), 1978
- Huit Petits Poèmes de Max Jacob, 1979
- Deux Poèmes de Jean Tardieu, 1979
- Deux Poèmes de Jules Romains, 1980
- Deux Poèmes français de Rilke, 1980
- Deux Poèmes de Supervielle, 1980
- Trois Poèmes de Pierre Reverdy, 1981
- Trois Poèmes de Supervielle, 1981
- Mauvais cœur (Léon-Paul Fargue), 1981
- Six Nouveaux Éventails, 1982
- Cinq Petits Collages, 1984
- Quatre Exemples tirés des « Nécessités de la vie » (Éluard), 1985
- Trois Poèmes de Robert Desnos, 1985
- Trois Poésies de Georges Schehadé, 1987
- Quatre Derniers Éventails (Paul Claudel), 1988
- Deux Poésies de Georges Schehadé, 1988
- Trois Épigrammes d’Henri de Régnier, 1989
- Deux Poèmes de Jean Pellerin, 1990
- L’Album de Poil de Carotte (Jules Renard), 1990
- Trois Mélodies 90
- Enfance (Arthur Rimbaud), 2016
Dans la presse
La musique de Guy Sacre possède une richesse harmonique et une alchimie sonore dans un espace proche du haïku, conjuguant à la fois liberté de ton, limpidité et transparence.
Michel Le Naour, Classica
Michaël Sebaoun, Musicologie.org
Un livre unique d’Anthony Girard pour se laisser envoûter par la musique de ce marcheur solitaire qu’est Guy Sacre.
Michaël Sebaoun, Musicologie.org
La mélodie française dans la seconde moitié du xxe siècle fut vilipendée, calomniée, humiliée, pulvérisée par tout ce qui semble aujourd’hui bien plus démodé qu’elle et qui prend place doucement mais sûrement dans le musée du bibelot moderniste en cours d’édification… Il faudra pourtant reconnaître un jour que Guy Sacre a bel et bien repris le fil là où ceux qui l’avaient tissé jusqu’aux années soixante (Poulenc, Milhaud, Sauguet…) l’avaient mené, en y ajoutant une infaillibilité d’écriture qui ne fut pas toujours l’apanage de ses devanciers les plus directs. Et qu’il le fit si bien qu’il a offert à la mélodie française le lieu où l’esprit et la lettre se confondent en cette profonde unité que seule une concision magistrale et un sens aigu du style sont à même de produire.
Nicolas Bacri, La Nouvelle Quinzaine littéraire
Si la patte de Guy Sacre reste éminemment reconnaissable, le compositeur offre à chaque texte un traitement singulier, marqué par une juste articulation, un surcroît de sens, une saveur supplémentaire. C’est là l’effet d’une science évidente de la prosodie française combinée à un langage musical dont l’ancrage tonal n’exclut aucune fantaisie expressive. La palette de son vocabulaire musical est sans limites, et réagit comme chimiquement à la substance des mots.
Sylvain Fort, Classica
Guy Sacre demeure l’une des personnalités les plus singulières de notre monde artistique. En marge des expérimentations de la musique dite contemporaine, souvent déroutantes pour le grand public, ce farouche indépendant a construit un univers hors du temps.
Damien Top, Politique magazine