Ouverture du Colporteur ou L’Enfant du bûcheron

opéra-comique en trois actes

préface de
Lucas Chope

Deuxième des trois ouvrages lyriques que produisit Onslow, Le Colporteur ou L’Enfant du bûcheron, composé en 1826, fut représenté pour la première fois au ­théâtre de l’Opéra-Comique le 22 novembre 1827. Le livret d’Eugène de Planard (1783-1853), librettiste célèbre qui collabora avec des compositeurs tels que Boieldieu, Auber ou Halévy, narre l’aventure, au sein d’une Russie imaginaire, d’un jeune prince héritier du tsar nommé Alexis. Ayant échappé au massacre de la famille royale par un brigand qui convoite le trône, il est confié à un bûcheron sans que son identité ne lui soit révélée. Quelques années passent durant lesquelles il est recherché par un sbire de l’usurpateur déguisé en colporteur, qui sera in fine lui-même poignardé. Alexis parvient ainsi à renverser le traître et à recouvrer son statut royal ; il monte sur le trône et épouse une batelière dont il était épris depuis longtemps.

La critique du Colporteur se montra divisée : une partie loua la transparence de l’orchestre, tandis que l’autre le trouvait trop lourd. Certains firent l’éloge de la sophistication du langage d’Onslow que d’autres jugeaient manquer de simplicité. Le livret, rocambo­lesque, fut apparenté au genre du mélodrame. La réaction du public fut quant à elle plus unanime : « Les connaisseurs étaient enchantés ; les simples amateurs avouaient tout haut leur plaisir ; le succès est d’autant moins équivoque qu’il est allé toujours croissant. À la troisième représentation, il n’y avait pas dans la salle une seule place vacante », rapporte le Journal des débats. L’opéra fut représenté 34 fois entre 1827 et 1830 à Paris, nombre laissant transparaître un réel engouement. Il rayonna également largement au-delà de la capitale et fut donné dans diverses autres villes de France ainsi qu’à Londres, Bruxelles, Prague ou Copenhague. Il connut notamment un remarquable succès en Allemagne. Le livret fut traduit en anglais, en allemand et en danois. Cette vogue resta néanmoins éphémère – comme ce fut le cas pour une majeure partie du répertoire ­lyrique de l’époque – et l’œuvre cessa d’être donnée quelques années plus tard ; son ouverture resta en revanche programmée longtemps et fréquemment. Notons que certains airs extraits de l’opéra firent l’objet de transcriptions pour divers effectifs qui sont aujourd’hui encore jouées et enregistrées (Entr’acte et Marche pour piano solo de Friedrich Kalkbrenner, Introduction et Rondo pour piano et flûte de Friedrich Kuhlau, etc.).

Cette ouverture en ut majeur fait montre d’une écriture dont les traits caractéristiques tendent parfois à s’éloigner des conventions propres à l’opéra-comique. L’écriture harmonique y est recherchée et la partie centrale de cette forme tripartite revêt la couleur sombre de l’homonyme ut mineur, innervé de nombreux chromatismes inquiétants. L’orchestration, jugée par certains commentateurs comme « cacophonique », est étoffée (notons la présence de trois trombones) et valorise les timbres du cor – qui expose le premier thème de l’ouverture – et de la clarinette qui participent aux couleurs particulièrement romantiques de l’orchestre. Cette ouverture constitue un témoignage intéressant de l’esthétique symphonique d’Onslow, révélatrice de cette attention typique pour une harmonie subtile et une mélodie expressive.

Lucas Chope
sous la direction scientifique
d’Anne-Sylvie Barthel-Calvet
(département de Musique et Musicologie
UFR Arts Lettres et Langues-Metz, Université de Lorraine)

Nomenclature

1 petite flûte, 1 flûte, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones, timbales, cordes

Toutes les formes disponibles

(couverture de Ouverture du Colporteur ou L’Enfant du bûcheron)

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(couverture de Ouverture du Colporteur ou L’Enfant du bûcheron)

Ouverture du Colporteur ou L’Enfant du bûcheron

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